L'école Martine consiste en l'ouverture de mon atelier aux élèves de l'école hôte. Inspiré par une école d'arts plastiques et décoratifs utopique fondée en 1911 où de jeunes filles sans connaissances préalables du dessin réalisaient des tissus et poteries, j'aimerais tenter une expérience similaire. Les médiums engagés sont la céramique ainsi que le dessin et la peinture avec une ouverture vers les projets textiles. Mon projet se divise en temps de travail personnel et interventions soutenues aupès des classes.
Mon projet de résidence s'inspire de l'école Martine, atelier fondé par le grand couturier Paul Poiret en 1911 où des jeunes filles issues de milieux modestes pouvaient donner libre cours à leurs talents graphiques. Madame Paul Sérusier y enseigne le dessin. Stupéfaites d'être ainsi prises en charge, les trois premières élèves de l'atelier goûtent à l'absolue liberté d'aller et venir, d'agir à leur fantaisie, de visiter les musées et les serres de la ville de Paris ou l'aquarium.
A leur retour elles réalisent sur papier et sur toile ce qu'elles ont vu. Leur professeur évoque avec elles de nombreux sujets ; le prix Nobel attribué à Marie Curie, l'œuvre de Gustav Mahler ou la politique coloniale de la France. Cet enseignement, voulu par Poiret donne des résultats impressionnants. Le nombre d'élève quintuple et les travaux gagnent en qualité.
« Ces enfants, écrit-il dans ses mémoires, livrées à elles-mêmes, oubliaient en peu de temps les préceptes faux et empiriques qu'elles avaient reçus à l'école, pour retrouver toute la spontanéité et la fraicheur de leur nature... C'est avec le concours de ces jeunes artistes que j'ai formé la collection de tissus et de tapis qui ont influencé la mode et le décor moderne (…) mon rôle constituait à stimuler leur créativité et leur goût sans jamais les influencer, ni les critiquer de manière à laisser pure et intacte la source de leur inspiration ».
Une boutique attenante à l'atelier ouvre en 1911 et propose à la vente (les bénéfices reviennent aux jeunes filles) différents objets (tapis, chaises, paniers, vases, dessins...)
Ce projet rousseauiste m'inspire et je pense être capable d'en mener un similaire dans l'école hôte en initiant les élèves à des médiums artisanaux et en oscillant entre art et design.
Les disciplines concernées sont issues de formes artisanales comme la céramique (tant dans sa dimension sculpturale qu’utilitaire) ainsi que la peinture et le dessin appliqué à des projets textiles.
J'aimerais travailler en priorité la céramique, médium que je pratique depuis 5 ans.
La résidence me permettrait d'avoir un temps dédié pour poursuivre et mener à bien mes recherches en cours tout en expérimentant de nouvelles formes. J'aimerais par exemple hybrider des formes classiques de contenants (vases, amphores...) à ma pratique. Ces contenants seraient ornés de motifs inspirés par les dessins des enfants.
N'ayant pas d'atelier, j'aimerais profiter du temps de résidence pour développer ma pratique picturale sur des formats plus grands que ce que me permet mon mode de travail habituel. J'aimerais ensuite voir glisser vers des productions textiles via l'impression numérique sur tissu qui serviront ensuite à la présentation des céramiques réalisées.
Doubs
Par le(s) artiste(s)