Dans notre projet nous réunissons la danse, la musique, et le théâtre contemporain. Notre recherche artistique est basée sur l’interaction qui existe entre un danseur et un musicien et sur les interrogations qu’elle engendre : le geste pour la musique ou la musique pour le geste ? Le geste qui produit un son, le son qui, par l’émotion qu’il génère, fait naître un mouvement… Là est le questionnement qui nous anime dans notre démarche créatrice et qui est le fil rouge de notre spectacle. D’autre part nous nous appuyons sur des textes afin de nourrir notre imaginaire personnel et l'interprétation commune.
Nous souhaitons construire une pièce hybride mettant en scène la danse, la musique et le théâtre contemporain. Elle durera environ une heure et se divisera en trois grandes parties qui correspondent à trois univers musicaux différents. Ces trois grandes parties reposeront sur les pièces suivantes : Partie 1 - Johann Philippe, pièce pour contrebasse seule et dispositif électronique, en commande Partie 2 - Hanz Werner Henze, Sérénade pour contrebasse seule Partie 3 - Kaija Saariaho, Folia pour contrebasse seule et électronique Par ailleurs, nous aimons travailler à partir de textes. Nous les utilisons comme des outils pour aborder la relation entre le geste et la musique. Nous prenons le terme musique dans un sens large : il désigne autant la musique produite par la contrebasse que les sonorités des mots du texte. Autrement dit, nous cherchons à mêler la musicalité des mouvements dansés, les sons de la contrebasse et la musique des mots. Nous souhaitons créer un univers parlant tout en laissant très ouvert le champ des interprétations. Il s’agit de laisser le spectateur se créer son propre imaginaire en restant dans la suggestion et en évitant « l’anecdotisme » et la narration. Nous désirons utiliser la théâtralité de la danse pour ponctuer la pièce d’éléments plus concrets, comme des gestes quotidiens, afin de mieux transmettre et partager nos émotions avec le public. Œuvres choisies Nous pensons un spectacle articulé entre des créations personnelles (musique et danse) et des partitions musicales connues. Pour cela nous souhaitons nous appuyer sur un programme déjà travaillé ( Hanz Werner Henze, Sérénade pour contrebasse seule, Kaija Saariaho, Folia pour contrebasse seule et éléctronique) que nous compléterons avec de nouvelles pièces et des moments plus libres d’improvisation. Pièce « phare », Kaija Saariaho, Folia La dernière pièce citée, Folia, est celle qui illustre au mieux notre démarche. En effet pour l’aborder Hélène a très vite oublié les notes pour se concentrer sur le geste à effectuer afin de respecter au mieux la partition. C’est comme si Kaija Saariaho avait écrit des gestes à réaliser avec l’instrument, à partir d’un langage en notes musicales. Il faut presque danser pour interpréter cette partition, et s’entraîner tel un danseur pour la jouer sans s’épuiser. A partir de cette constatation, la présence de la danse aux côtés de cette pièce nous est apparue comme une évidence. Suggestion de répertoire Voici une liste non exhaustive de pièces que nous pourrions utiliser afin d’articuler les trois grandes parties entre elles: - Stefano Scodanibbio, Sei studi pour contrebasse seule - Luciano Berio, Psy pour contrebasse seule - Jon Deak, BB Wolf pour contrebasse seule - Eugène Kurtz, La dernière contrebasse à Las Vegas pour un homme, un femme et une contrebasse - Joëlle Léandre, Taxi pour contrebasse seule - Jean-François Zbinden, Hommage à Jean Sébastien Bach pour contrebasse seule Le choix des textes Notre choix de textes n'est pas encore arrêté mais voici quelques précisions. Tout d'abord en ce qui concerne le projet de transmission nous aimerions que des propositions viennent des élèves et des enseignants. D'une part pour que les élèves amènent un matériel qui leur est parlant et d'autre part pour que les bases du travail créatif aient un lien avec le programme scolaire afin que les enseignants puissent éventuellement faire le lien avec les apprentissages et découvertes de l'année. Dans tous les cas, le plus intéressant est probablement de nous appuyer à la fois sur des textes proposés par les élèves (pour tous les moments de recherche, échauffement, expérimentations, par exemple) et aussi sur un texte ou des textes que nous leur présentons, peut être un peu plus éloigné(s) des programmes scolaires (pour l'élaboration de la petite pièce finale qui sera présentée). Les textes choisis peuvent servir d'outils reliant le projet de création au travail de transmission, par exemple en choisissant des œuvres ayant le même sujet. Nous avons pensé au binôme suivant: "Le passeur" de Lois Lowry comme base pour le travail avec les élèves, associé au texte de Georges Orwell "1984" pour le projet de création. La place de l’improvisation Nous avons commandé à Johann Philippe une pièce qui serait basée sur l’articulation entre la composition et l’improvisation. Notre rencontre artistique s’est faite notamment par le biais de l’improvisation, au cours d’ateliers de recherche sur le lien entre le son et le geste. C’est un outil de travail que nous souhaitons expérimenter sur scène afin de laisser une place à la spontanéité, au hasard et à la surprise qui ne peuvent avoir lieu si la totalité des partitions dansées et musicales sont figées par une écriture toute définie. Il nous est primordial de laisser cet espace de liberté dans la finalité de la pièce. "La pièce d'environ vingt minutes sera issue d'un travail de composition qui intègre la contrebasse, la danse et un dispositif électronique. Ce sera l'occasion de dialogues entre des éléments qui, sur le plan dramaturgique, agissent à des niveaux différents. On pourra trouver, au cours de la pièce, des moments de rencontre entre les trois univers, ainsi que des points de divergences. Par exemple, on pourrait tout à fait imaginer des temps où la danse se retrouve seule avec la partie de musique électronique, ou que la contrebasse joue en solo. L'intégration de situations d'improvisation dans la composition me semble très intéressante en cela qu'elle permet de créer des moments de jeu plus spontanés tout en les intégrant dans une situation musicale, et dans une direction écrite. Ces situations de jeu pourront être envisagées comme éléments de la musique, qui évoluent en fonction d'un dispositif, d'intentions de jeu, et de moments clés de la composition." Johann Philippe Chorégraphie La part de danse sera chorégraphiée et interprétée par Léna et évoluera avec les œuvres musicales. La première partie de la création s’établira autour des textes choisis. Il s’agira de construire une phrase chorégraphique en utilisant les mots pour produire des gestes. Léna s’inspire pour créer cette partition des « chansons de gestes » et de l’univers chorégraphique de Daniel Larrieu, de Christian Ubl ou encore de Dominique Bagouet. Dans la deuxième partie dansée (sur la musique Sérénade de Hans Werner Henze) l’idée est de faire émerger différents espaces scéniques correspondant à des scénettes de danse-théâtre. Léna s’appuie sur le courant de danse-théâtre influé par Pina Bausch puis relégué aujourd’hui par des artistes comme Ambra Senatore ou Maguy Marin. Pour la dernière partie (correspondant à la musique Folia, de Jaija Saariaho), nous imaginons une danse puissante et très engagée physiquement. Nous envisageons pour cette partie d’organiser et de travailler des thèmes d’improvisation de façon à laisser une grande liberté de la partition dansée malgré l’écriture millimétrée de Folia. C’est pour nous une façon d’aller plus loin dans l’abandon et l’aliénation que nous voulons donner à voir pour cette fin.
Savoie
Par le(s) artiste(s)