Avec « Le vivant, objets de rituels » Clara Rivière questionne notre rapport symbolique et productif au vivant. Une étude historique et culturelle, lui ont permis de saisir l’impact de nos croyances et leur capacité à façonner le monde, à impacter l’équilibre du vivant. Ses outils de designer lui permettent d’imaginer des rituels dans une démarche à la frontière de l’art. Ses productions - dessinées en collaboration avec des experts scientifiques - font le pont entre sciences et le design en vue d’en faire des outils de vulgarisation à caractère pédagogique. CRÉATION EN COURS est l’occasion de poursuivre cette recherche, de donner forme à de nouvelles pièces et de revaloriser les matériaux naturels et les savoir-faire artisanaux d’un territoire. Les temps de transmission sont des opportunités pour développer le potentiel pédagogique de cette démarche : par un processus créatif et manuel, l’enjeu est de changer de regard sur le vivant, d’encourager à vivre dans le respect de ce dernier.
LE VIVANT, OBJETS DE RITUELS
ART & DESIGN - SCIENCES & DESIGN - ARTISANAT & DESIGN
« Donner forme » est pour moi un moyen de raconter des histoires, de questionner des usages et d’inventer de nouveaux rituels. Mes différentes formations ont renforcé mon intérêt pour la fabrication mais aussi pour l'objet, dont l’échelle, rend possible dès la conception un dialogue aisé entre matières, couleurs, formes et procédés de fabrication. C’est à mes yeux un tout qui s’agence, se compose et s’harmonise. CRÉATION EN COURS est l’occasion pour moi de partager cette enthousiasme avec des enfants et de poursuivre un projet de recherche qui me tient à cœur.
« Le vivant : objets de rituels » inscrit ma démarche créative dans un champs encore peu exploré que l’on pourrait résumée par le lien entre « design et rituel ». Aujourd’hui, comment le design pourrait-il instaurer de nouveaux rituels contemporains ? Dans le cadre de cette réflexion, je me suis intéressée à notre rapport au vivant et à comment le design pourrait mettre en valeur différents éléments essentiels à la vie sur Terre. C’est à travers trois propositions, Eau, Sol et Cosmos, qu’est mise en place une mythologie proposant d’établir un rapport au vivant et aux cycles dont il dépend. Il s’agit de questionner la vision anthropocentrée de l’Occident qui imprègne les artefacts de notre quotidien à travers trois propositions qui initient des rites et postures témoignant de ce que pourrait être un rapport biocentré au vivant. En faisant entrer le design dans le champs du sacré, les formes proposées décentrent l’humain et invitent à réfléchir à notre manière d’être au monde et à comment se comporter avec l’ensemble du vivant. Ces objets - loin de répondre à un usage défini ou de remplir une fonction purement utilitaire - se font support d’une narration. Eau, Sol, Cosmos, laissent à chacun la possibilité d‘insuffler dans ces objets une dimension spirituelle, de se questionner sur son rapport et sa place au sein du vivant. Ce premier travail de recherche, m’a permis de gagner en expertise sur trois éléments. A travers CRÉATION EN COURS, l’enjeu est pour moi de pouvoir transposer ces pistes en trois ateliers pédagogiques liant des pratiques artistiques et manuelles avec connaissances scientifiques et une expérience synesthésique.
L’accompagnement proposé par CRÉATION EN COURS me permettrait donc de poursuivre ce travail en me donnant un espace et du temps où développer de nouvelles pièces tout en questionnant de nouvelles échelles d’intervention. Mettre en place des ateliers avec des enfants me permettrait de renforcer la dimension pédagogique de ce projet. Voir naître une multitude d’objets de rituels imaginés par des enfants rendrait compte de leur incroyable diversité créatrice ! À mes yeux, la notion de diversité est très importante : dans l’équilibre du vivant, la diversité est un paramètre non négociable au maintient de la vie sur Terre.
Toujours en dialogue avec des experts, je pourrais ainsi interroger notre rapport au règne végétal, animal ou encore minéral. L’apport des sciences et du design permettent dans ce travail exploratoire d’imaginer comment raconter de nouveaux rituels. Eau, Sol et Cosmos sont aujourd’hui à l’échelle de l’objet, mais que donneraient ces réflexions à l’échelle de l’espace ? Ainsi, un autel à eau de pluie en milieu urbain ou un cadrant solaire à l’échelle d’une place publique pourraient être imaginé. Pour la poursuite du projet, je souhaite également renouveler des collaborations avec des savoir-faire artisanaux présent au sein du territoire. Mais aussi revaloriser certaines matières naturelles, éviter un maximum des matières issues de l’industrie. Il me parait incontournable de valoriser et documenter mes protocoles de prélèvement des matériaux naturels et locaux (argile, bois, pigments, etc)
MÉTHODOLOGIE, ce travail de recherche entre art et design m’a conduit à rencontrer des experts en hydroscience, en microbiologie du sol et en astronomie. Les projets développés sont le fruit d’un dialogue entre sciences et design. D’autre part, pour la réalisation de chacune des pièces, il me tenait à cœur de collaborer avec des artisans. Ainsi, pour réaliser Eau, Sol et Cosmos, j’ai rencontré un repousseur, une ébéniste, deux compagnons tapissières, et un compagnon métal. Ces collaborations témoignent de mon souci de lier design et savoir-faire. Aujourd’hui je souhaite renforcer la dimension vernaculaire de ce projet, notamment en faisant appel à des matériaux locaux et des savoir-faire spécifiques à la région.