Les Hauts Parleurs

Nous sommes deux comédiens qui prendrons en charge la mise en scène et le jeu. Sous le regard bienveillant d’intervenants extérieurs : marionnettistes, metteurs en scène, conteurs, que nous avons rencontrés durant notre parcours et qui nous apporteront leurs expériences. 

Nous explorerons la fable via deux registres de jeu, d'une part la figure du conteur qui crée et qui concrétise l’univers dystopique de l’oeuvre, notamment, en prenant en charge la manipulation d’objets et la création d’images. D'autre part avec l'incarnation de personnages qui nous donneront à voir l'engagement et la lutte de Clovis, mettant en exergue les émotions d'un peuple opprimé. 

Ces lignes directrices installent une convention théâtrale qui dynamise, renforce et sert à mettre une distance avec l’histoire. Cette distance permet également de développer un imaginaire qui sera rendu concret par le théâtre d’objets et de marionnettes que l’on souhaite égrener tout au long du spectacle.

Damasio déploie un monde abondant. Nous collaborons avec un.e scénographe,  des créateurs son et lumière pour rendre visible cette richesse. Il faut créer ce qui est indicible dans le récit. C’est à nous, ensemble, de le rendre visuelle, et permettre ainsi à l’imagination du spectateur de s’emplir et de traverser pleinement cette œuvre.

Par le son, par la lumière et par la parole.

A travers une scénographie multiple compacte et joyeuse, l’espace est envisagé avec la présence de multiples accessoires. On imagine par exemple une possible matérialisation des mots avec un travail sur la matière et l’utilisation du polyester, bois, cuivre, béton, cuir. Ces mots pourront être manipulés, leurs textures, leurs tailles, leurs poids, signifiant pour nous et pour le spectateur leurs raretés ou leurs possibles utilisations.

Certains mots, certains objets pourront par leur emboîtement, par le travail de l’éclairage, l’utilisation notamment de diodes, former au fur et à mesure une ville miniature foisonnante à l’image de Kowloon, ancien quartier de Hong-Kong où le ciel n’était que béton.   

Cette maquette, véritable boîte à jouets, est un terrain de jeu parfait pour la manipulation des marionnettes et des objets. Elle nous servira autant à stimuler l’imaginaire des spectateurs qu’à rendre limpide les rouages futuristes de la vie dans la zone 17.

Ce projet est aussi la tentative de tracer, au plateau, les fondations d’un futur qui ne répondrait à aucune promesses. Partant d’une dystopie, où le monde ne serait qu’un vaste lieu de marchandisation et d’expérimentation capitaliste, une troupe d’individus tente de se lever et de glisser l’espoir et l’utopie au creux des oreilles attentives. C’est aussi de désobéissance dont on parle.

Comment rendre au plateau ces mots réinventés, comment dire le jeu de mots, l’homophonie, la polysémie, la réinvention du langage, comment parler « le style torse » ?

«  Nous proposons^® une autre mondialisation^® en mouvement^®. Plutôt que l’échange^®, elle aime^® le partage^® ; plutôt qu’hacheter et revendre^®, elle reçoit^® et elle donne ; plutôt que de comm’uniquer et d’informer^® de haut^® en bas, d’un point à une masse^®, elle é-coûte et elle parle^®, de bouche^® en bouche^®, d’homme à homme^®, de chat^® à chat^®. »