" Mythes et Chimères : un voyage entre les mondes " est un projet autour de l'univers graphique du conte. J'ai pour projet personnel de créer mon propre conte. Depuis un an, je procède à un travail d'écriture. À présent, je suis en pleine recherche graphique. Ainsi, il me faut élaborer l'atmosphère visuelle de mon conte afin d'en concevoir les illustrations. En parallèle de ma recherche, je voudrais partager l'univers du mythe avec les enfants, et prendre le merveilleux comme support pour les inviter à créer et dessiner leur monde fantasmagorique, leur propre protagoniste, leur bestiaire chimérique. Je désire les accompagner dans la conception de leur monde magique, au détour d'ateliers d'expression plastique, durant lesquels je voudrais leur transmettre les techniques qui moi-même m'animent et qu'il me plait de pratiquer.
Mon projet est de travailler sur la création d'un conte. Je désire réaliser un roman graphique, que j'aimerais également adapter en micro film d'animation. Je puise pour cela mon inspiration dans une histoire qui m'a particulièrement séduite et dont j'effectue ma propre interprétation graphique et narrative. Depuis un an, je procède à un travail d'écriture et créé ma propre narration, afin d'habiter pleinement cette histoire et la faire mienne. Il s'agit d'un Prince frappé d'une malédiction, dont l'apparence depuis la naissance est celle d'un cochon. À l'âge adulte, il tombe éperdument amoureux d'une femme et la contraint à devenir son épouse. Cette dernière ne ressent qu'aversion pour lui, jusqu'au soir de leurs noces. Une fois dans la chambre conjugale, le Prince se déleste de sa peau de cochon comme d'un simple manteau, et dévoile son apparence de somptueux jeune homme. La Promesse tombe follement amoureuse et promet de taire le secret, car le trahir ferait instantanément disparaître son amant au bout du monde. Chaque nuit, l'homme se dévêt de sa peau de cochon, pour chaque matin s'en recouvrir de nouveau. La Princesse succombe à l'irrésistible et profite du sommeil de son époux pour jeter la peau de bête au feu. Le Prince se réveille catastrophé et disparaît sous les yeux de sa femme. Pleine de regrets, elle décide d'entreprendre un long périple et de partir au bout du monde afin de retrouver son amant, traversant les mondes, les peuplades et les épreuves. Durant cette résidence, ma recherche personnelle se nourrirait de l'imaginaire des enfants et de leur perception du monde. Je souhaiterais prendre pour point de départ le conte, afin d'accompagner les enfants dans la création de leur propre univers chimérique. Je voudrais sensibiliser les enfants au conte, et prendre le support du dessin - riche de ses techniques variées - afin de comprendre leur imaginaire. Il y a un an, j'avais proposé un projet à Création en cours. Je désirais déjà travailler sur le conte avec les enfants ; j'avais alors beaucoup orienté le travail sur l'écriture et la confection d'une histoire, car j'étais moi-même en pleine réflexion sur la structure de mon conte à ce moment-ci. Depuis, j'ai écrit la majeure partie de mon récit, et ma problématique s'en trouve modifiée. À l'époque, j'étais en pleine recherche narrative - à présent, ma recherche se porte sur l'univers graphique. Le projet s'est également élargi, car je me suis mise depuis à animer mes illustrations. En parallèle de la confection d'un livre, j'aimerais créer de courtes séquences animées de mon histoire. Ainsi, je voudrais axer mon travail avec les enfants autour de l'aspect visuel. Durant cet échange, chacun imaginerait une petite épopée et forgerait son monde fantasmagorique, son propre protagoniste, ses créatures chimériques. Le merveilleux est propice à la créativité, et stimule l'imagination. Bien que mon travail avec les enfants serait plus axé sur le dessin que sur l'écriture, on ne peut nier que les deux médiums demeurent intrinsèquement liés. La recherche graphique s'appuierait ainsi sur des références narratives et culturelles. Nous étudierions un corpus d'histoires, constitué de contes aussi bien français qu'étrangers (contes slaves et orientaux), d'histoires mythologiques, d'œuvres épiques (à l'instar de Gulliver). Je demeure malléable sur la région de France dans laquelle je pourrais bénéficier de cet échange, ainsi, selon l'endroit, je voudrais m'imprégner de l'identité régionale et des mythes locaux. J'aimerais aussi explorer avec les élèves les différentes créatures inventées selon les époques et les pays (la mythologie des Yokai, par exemple). Le récit merveilleux n'est pas un genre anodin. Tous comportent un message sous-jacent et soulèvent des questionnements. Afin d'enrichir les expérimentations graphiques, je demanderais à chaque enfant d'élaborer sa courte histoire de voyage, en l'aidant à déterminer l'objet de la quête de son héros. Cela serait un point de départ essentiel, qui permettrait aux enfants d'élaborer leur univers autour d'un axe choisi. À partir de cette ossature, ils seraient libres d'explorer leur imaginaire visuel. Je les inviterais à s'exprimer au détour d'ateliers d'expression plastique. Je leur proposerais une palette de différentes techniques, que je pratique moi-même et dans lesquelles je suis à l'aise. Ainsi, nous pourrions, outre l'utilisation du crayon et du feutre, graver dans du pastel à l'huile, faire du monotype, peindre avec des encres ou manier le collage. Ces expérimentations variées permettraient d'assouplir la main, d'aiguiser son inventivité, avec pour support la création de personnages, de chimères et de lieux. Explorer un éventail de techniques offre une multitude de possibilités pour déployer son imaginaire, et je serais curieuse d'observer la sensibilité et l'interprétation propres à chaque enfant. Comprendre et capter les enfants de cette génération me semble essentiel afin d'enrichir ma réflexion autour du conte. Leurs choix visuels aident à saisir leurs références et à qui, à quoi, chacun aime s'identifier. Cela me permettrait de mieux comprendre la manière dont l'enfant se positionne par rapport au conte, et est stimulé par cet univers. Travailler autour du conte permet de garder un socle emprunt de fortes références narratives et visuelles, néanmoins le champ demeure vaste et ouvert - ce genre est en effet particulièrement propice aux réinterprétations. Ainsi, chacun pourrait transposer les caractéristiques du conte dans son propre imaginaire. Ce temps d'échange avec les enfants ferait ainsi écho à mon propre projet de conte. D'une part, il serait le symbole d'un enrichissement mutuel. Je voudrais aborder avec les enfants ces sujets obsédants autour desquels s'articule mon travail, à savoir l'épopée, les créatures fantasmées et les mondes merveilleux. Cette rencontre avec eux me permettrait d'appréhender les thématiques qui me sont chères sous un nouvel angle, d'épouser le regard d'une génération différente de la mienne. Comprendre les enfants d'aujourd'hui invite à mieux saisir les enjeux de maintenant et de demain. J'aimerais les éveiller à l'univers du conte - s'ils ne le sont pas déjà - et leur offrir un large choix d'outils afin de se démarquer artistiquement. D'autre part, travailler avec les enfants sur leur vision graphique du conte, me permettrait de saisir leur regard, de le capter, et de tenter de le comprendre. Comment un enfant de notre époque, entre neuf et onze ans, répond-il graphiquement à l'univers du conte ? En quoi ses œuvres visuelles peuvent-elles ouvrir ma propre imagination, et peut-être influencer mes choix graphiques ? Immerger chaque enfant dans cette thématique du conte permettrait d'observer quelles sont ses inspirations visuelles, et plus largement quelle est sa perception du monde.
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