RACONTE

Une enfant de dos, les cheveux remontés en chignon. Sa silhouette est incrustée dans une image de brasier. L’enfant raconte qu'elle a sauvé son quartier des flammes en crachant de l'eau par la fenêtre, son histoire déborde de péripéties rocambolesques et de personnages secondaires. Dans une image en plongée, on découvre son index occupé à produire un son aigu en glissant sur le bord d'un verre d'eau.

Pour arriver à cette parole libre, un atelier d’écriture est mis en place. Son programme prolonge dans la production de gestes narratifs et de textes les sensations du jeu libre, qui est déjà une forme d’écriture improvisée. Plusieurs enjeux : faire sentir aux enfants comment l’écriture n’est qu’une partie de la langue, qui elle même n’est qu’une partie du langage. Leur montrer qu’elle permet le lien social par les récits, qu’elle peut former le groupe, et peut aider à se construire et à s’émanciper. Leur faire éprouver que l’image en général, mais aussi de soi (son expression et sa parole), s’écrivent aussi. L’atelier et la création brouillent les cartes de la spontanéité de la parole et de l’écriture pour structure, afin que chacun-e puisse se positionner dans l’invention, entre ancrage réels et imaginaires débridés.

Grégoire compte filmer les enfants de dos, en classe, occupés à fabriquer ou écrire quelque chose (des objets transitionnels) qui stimule leur parole et leur imagination. Ce dispositif systématique permet d'être concentré sur le propos des enfants, tout en incrustant leur silhouette dans une image influencée par leur imagination. Cette recherche est une sorte de cartographie subjective des imaginaires de cette génération, dans cette classe. Ces imaginaires sont représentés tels des hors-champs de l'apprentissage scolaire.