Une dent est une dent

Bon Jour 2

Publié par Tommy Bougé

Journal du projet

Mardi 04 février 2020 — après-midi


Jusqu’au mois de mars, Nathalie emmène les enfants à la piscine de Varennes-Vauzelles, et ce, chaque mardi matin. C’est pourquoi nous donnerons cours les après-midi, de 13 h 30 à 16 h 10, avec une récréation aux alentours de 15 h.

À chaque début de cours, nous engagerons un retour sur ce qui a été fait le jour passé en demandant ce que les enfants auront retenu. Une manière de les mettre dans le bain et de leur donner matière à réfléchir pour ce qui va suivre. Différentes notions sont alors notées au tableau : cet exercice sera récurrent tout au long de notre projet, une routine que l’on juge nécessaire.

L’après-midi du lundi et la matinée du mardi nous ont permis avec Tommy de préparer notre nouvelle séance, en rebond avec l’exercice de la veille : imageur/nommeur. 

Après avoir passé en revue les différents dessins des enfants, nous avons isolé certains cas d’écoles sur lesquels s’appuyer pour évoquer des notions importantes pour la suite. En les montrant aux enfants, nous faisons la liste des solutions qui permettraient de rendre le dessin plus lisible : en contours ou bien en couleurs, isoler l’objet ou bien le situer dans un décor. Des éléments graphiques, comme une flèche ou un surlignage peuvent faciliter la compréhension.

Corentin, qui la veille avait dû dessiner le mot « dent », avait choisi d’illustrer un visage, la bouche ouverte, pourtant c’est le mot « joie » qui avait été deviné. Comment aurait-il pu améliorer ce dessin ? Un enfant propose l’ajout d’une flèche pour pointer une seule dent. 

Les 5 cas d'écoles sélectionnés
Les 5 cas d'écoles sélectionnés

De la même manière, cinq cas sont proposés pour être solutionnés. Nous décidons de diviser la tâche en constituant cinq groupes. L’exercice se présente sous la forme d’un bon point vierge : au recto, le mot à illustrer est inscrit en bas. Au verso, il est simplement demandé à chacun de noter son prénom.

Les cinq dessins à solutionner sont distribués aux groupes : la DENT (dessinée par Corentin), le CAILLOU (alors représenté par un petit point gris au milieu du plan), le verbe PÊCHER (bien que celui-ci avait été correctement deviné, nous pensons qu’il mériterait d’être précisé), la TERRE (une sorte de ballon aux côtés bleus et au centre vert) et enfin la CLASSE (un bâtiment qui disait école).

Travail de groupe
Travail de groupe sur les mots à solutionner

Les enfants doivent alors discuter et dégager plusieurs moyens de représenter ledit mot. Cet exercice s’étend sur une dizaine de minutes, un temps supposé assez long pour le dialogue et la réalisation. Le principe ne se déroule pas toujours sans accrocs, en effet, certains groupes ne communiquent pas assez. Un des cinq membres du groupe Terre ne trouve pas de solution alors que les autres sont déjà en train de produire leur réponse. À côté de ça, le groupe CAILLOU discute et dégage diverses solutions qu’ils s’attribuent à dessiner. 

Une fois le temps écoulé, chacun des groupes explique à la classe leurs choix. Pour la plupart, le dessin a en effet été amélioré et a gagné en compréhension. 

Pour CAILLOU, nous obtenons diverses réponses sans pour autant clarifier le dessin d’origine. Par exemple on devine un caillou situé dans un trou, car une personne avec un tractopelle figure à côté. On comprend que l’élève a voulu placer l’élément dans une action ou une histoire, cependant cela a eu l’effet inverse et a noyé le caillou dans le décor. Une autre proposition est la représentation d’une multitude de cailloux alors que le mot est au singulier. Les autres groupes font remarquer que dessiner le caillou plus gros et avec plus de détails aurait été une solution.

Pour CLASSE, si certaines propositions reprennent traits pour traits le dessin d’origine, n’améliorant pas le dilemme, une élève propose un point de vue depuis l’intérieur afin d’oublier le bâtiment et se concentrer seulement sur la classe. Une autre solution se présente comme un schéma où divers éléments propres à une salle de classe sont détaillés et nommés. Bien que contre la règle imposée, cette proposition est intéressante.

Pour DENT, plusieurs solutions sont présentées, le tout est globalement réussi et compréhensible.

Pour PÊCHER, la plupart des membres du groupe sont allés à l’essence de l’activité de la pêche, à savoir un homme qui tente d’attraper un poisson à l’aide d’une canne, tantôt sur une barque, tantôt au bord de l’eau. Tom, lui, s’est risqué au rébus en dessinant une pêche (le fruit) + la lettre R (ou des mots qui font « é »). 

Pour TERRE, ils ont pour la plupart solutionné le problème en s’appliquant à retranscrire les contours des continents. Une des représentations montre notre planète ainsi que  la lune et le soleil, des flèches sont utilisées pour pointer la Terre. Une utilisation multiple de flèches qui rend confuse leur présence. Les enfants proposent alors une alternative : entourer plutôt que flécher. Camille a lui aussi tenté un rébus : la lettre T + un tigre qui fait « Rrrr ». Audacieux, mais le tigre mal dessiné rajoute de la difficulté. 

Bon Point n°4 – Vitesse

Bon Point n°4 vierge
Le Bon Point n°4 vierge, à composer en trois temps

Après la récréation, nous proposons une suite à notre exercice : reprendre ces 5 mots et cette fois les dessiner sous 3 chronos différents : 40 secondes, 20 secondes et 5 secondes. Un exercice de rapidité qui favorise la perte d’information superflue et la mise en évidence des éléments décisif. 

C’est un moyen pour nous d’observer ce que les enfants ont pu retenir de l’exercice précédent. Comme le temps venait à manquer, nous décidons de ne choisir qu’un seul mot : ce sera CAILLOU. 

Plutôt que de leur expliquer comment va se dérouler l’exercice, nous leur proposons de faire une démonstration. Tommy et moi en concurrence nous partageons le tableau. Les enfants se prêtent volontiers au jeu, car nous inversons en quelque sorte les rôles. C’est à eux de nous dire ce que l’on doit dessiner : un nom, un adjectif, un verbe. Ce sera donc : Verre d’eau, Rapide, Lire. La rapidité d’exécution les amuse, ils nous pressent en vue du chrono et y vont de leurs petits commentaires.

Kyle dessinant CAILLOU en 40 secondes
Kyle dessinant CAILLOU en 40 secondes

C’est maintenant à leur tour : CAILLOU en 40, 20 et 5 secondes.

À chacun est distribué 3 bons, 1 pour chaque durée. Malgré l’appréhension des enfants vis-à-vis des temps se réduisant, des stratégies intéressantes en ressortent. Certains ont choisi de simplifier les détails vignette par vignette tandis que d’autres proposent une réflexion sur l’étendue des 3.

Pour Ryan, la première vignette montre plein de cailloux, puis moins de caillou, pour finir par un seul caillou en 5 secondes.

Tom lui aura en 40 secondes représenté un caillou dans un trou et un homme avec une pelle. Un caillou dans un trou et une pelle pour les 20 secondes. Sa dernière proposition se simplifie : un caillou dans un trou.

Si nous pensions que le raccourcissement du temps de réalisation favoriserait un tracé plus significatif, le résultat n’est pas celui escompté. En effet, nous n’observons pas de réelle évolution du dessin allant vers l’essentiel, les enfants semblent davantage précipités que précis.

Nous profitons des dernières minutes de la journée pour parler des images que certains avaient amenées. 

Plusieurs types d’images nous sont présentées : 

Ryan a apporté un bon point récent représentant sur le recto un dinosaure illustré, légendé par son nom et au verso des informations complémentaires. 

Plusieurs élèves ont apporté des cartes Pokémon dont le recto est composé d’une petite illustration laissant davantage de place aux informations; au verso figure le logo, qui est lisible à l’envers comme à l’endroit, car il s’agit d’un jeu de cartes. 

Tom a apporté une carte autocollante Yoda. Numérotée, supposant la collection, sont inscrits au dos des conseils de vie sans lien direct avec l’univers Star Wars : «  tu dois faire du sport ». Cette carte n’est pas sans rappeler les bons points publicitaires dont les versos étaient des appels à la consommation. Cette fois, bien que chargé de bonnes intentions, la méthode reste questionnable. Nathalie avec malice ajoute qu’il aurait fallu écrire « Faire du sport, tu dois ! ». 

C’est sur ces sages paroles que la journée se termine.