Pour comprendre l'histoire de cette ville et de sa population, les bushinengué.e.s, je m'accompagne ici d'auteur.trice.s.
Iels ont posé des mots sur tout le contexte que j'ai découvert au fil de ma résidence.
Extrait du texte de Françoise Vergès publié dans l'ouvrage Obia de Nicola Lo Calzo (juin 2015) :
« Au XVIIIe siècle, une partie des 300 000 Africain·es esclaves au Suriname s’échappent des plantations et créent des villages sur l’amont des fleuves, loin des côtes maîtrisées par les puissances coloniales anglaise puis néerlandaise. Les héritages culturels propres à chaque région d’origine ont été abîmés par les Blanc·hes qui mélangeaient volontairement les esclaves dans les bateaux comme à l’arrivée sur les plantations.
Ce sont donc de nouvelles identités qui sont inventées sur le sol américain. Les esclaves qui résistent à l’intérieur des plantations jusqu’à l’abolition deviendront des Créoles, celles et ceux qui parviennent à s’échapper, des Bushinengué·es. Les guérillas de ces derniers contre les esclavagistes contraignent finalement les Provinces-Unies à négocier la paix grâce à des traités. Les un·es comme les autres parlent des langues à base lexicale anglaise hybridées de langues africaines, ainsi que des langues européennes des anciens maîtres. Les sociétés bushinenguées se forgent aussi dans la rencontre avec les Amérindien·nes dans l’intérieur des terres, où se tissent des relations de commerce et de voisinage, mais naissent aussi des conflits. Les techniques de navigation, les usages des plantes ou la connaissance des divinités peuplant la forêt se transmettent et se transforment à cette période.
(...)
Si les Alukus (dont les ancêtres ont été des allié·es historiques de la France ) sont reconnu·es comme citoyen·nes, de nombreux·ses autres Bushinengué·es sont aujourd’hui installé·es du côté français, sans pour autant réussir à obtenir des papiers. Malgré leur ancrage dans le pays, les Bushinengué·es subissent toujours de nombreuses discriminations. »
Cette non-prise en compte des langues s'inscrit dans ce que Richard Price et Sally Price décrivent comme un "programme de francisation intensif".
« brutalement, un système administratif étranger est plaqué sur une structure culturelle traditionnelle »