Composantes de passage 2 - photo de Salim Santa-Lucia 2

Composantes de passage #2

Publié par Frank Smith

Journal du projet

 

Frank Smith invite six invités – militants, habitants, chercheurs – à faire face au présent pendant la Nuit des idées, en les interrogeant sur la place de la parole publique dans leur quotidien.
« Qui parle ? A qui ? Au nom de quoi ? » : Découvrez leur discussion le jeudi 31 janvier 2019 à 21h sur cette page et sur les réseaux sociaux.

 

Samedi 19 janvier. Il est 15h30 et Frank Smith, poète  et artiste associé aux Ateliers Médicis, accueille les invités de son émission Composantes de passage #2, sur le plateau des Ateliers Médicis. La première arrivée, Samira Tayebi-Bouhout, première adjointe au maire de Clichy-sous-Bois et présidente de l’association APAC (Association pour agir citoyen), est suivie d’Alain Dzukam, membre du Conseil citoyen de Clichy-sous-Bois et président du journal de quartier D’ici et d’ailleurs.

Chacun d'eux ont la particularité de partager cette double casquette qui leur vaut de prendre une parole tantôt politique et tantôt sociale à Clichy-sous-Bois. Les autres invités ne tardent pas à arriver : le rappeur Bileel, le duo d’artistes associés le peuple qui manque, composé de Kantuta Quiros et Aliocha Imhoff, ainsi que Nawufal Mohamed, militant et membre du collectif ACLEFEU.

Il est déjà 16h, l’enregistrement de l’émission débute et Frank Smith introduit sur ce poème :

« Le langage n’a pas le silence derrière lui, le langage il a le silence devant lui et autour de lui. Le langage il est lui-même silence sur lui-même, il ne parle jamais absolument le langage. Aucune parole n’est jamais autre chose qu’un pli, un pli des apparences. »

Pendant plus d’une heure, les invités répondent avec ferveur aux questions phares posées par Frank Smith.

« Qui parle ? À qui ? Au nom de quoi ? »

D’autres voix résonneront, comme celle du philosophe Jacques Rancière. D’autres questions également feront écho, à commencer par Qu’est-ce qu’avoir idée ? ou encore Qu’est-ce que veut dire parler publiquement ? Comment saisir cette parole, notamment lorsque l’on est une femme ? Est-ce possible de parler au nom d’autres personnes quand on est en politique ? Que se passe-t-il quand le peuple se lève ? Tant de questions qui ont amené chacun des invités à se questionner sur leur propre rôle social et leurs engagements au sein des sphères, communautés et nation qu’ils habitent.

« C’est encore compliqué aujourd’hui d’être une femme et de se positionner dans la parole publique et notamment dans une parole intellectuelle. » - Kantuta Quiros

« Elle est toujours fragile cette parole même si on se l’octroie. » - Frank Smith

« Ce qui m’a fait prendre la parole, c’est la colère. » - Samira Tayebi

Nuit des idées - Composantes de passage #2

La discussion crée le débat et un moment de débat s’invite justement au cercle de parole. Comment peut-on servir et aider sans déposséder ? Nawufal Mohamed pense qu’il est difficile de croire en la parole politique qui « n’exprime pas et ne représente pas la parole des gens, mais celle des idéaux et des mots d’ordre des partis politique. » Pour Samira Tayebi, « le plus dur serait de véhiculer une parole en laquelle on ne croit pas ! » À Clichy-sous-Bois, elle porte une parole politique correspondant à ses convictions. L’action est ainsi, au centre de son engagement.

Le débat ne s’arrête pas là, il faut continuer et la nuit tombe déjà. Le rappeur Bileel entonne librement son titre « Dans la ville » et revient pour clôturer la discussion avec un medley, « Changement d’ambiance ».

Finalement, il faut peut-être retenir quelques choses de cette Nuit des idées où cette zone de libre échange a pu tresser un lieu de parole(s) politique(s) et artistique(s) : 

« La valeur de la parole est aussi immortelle qu’elle est action. Elle est la vraie et la seule politique du nouveau entre les femmes et les hommes sur cette terre. » – Frank Smith

Voir ou revoir le teaser de l'émission :


© Photos - Salim Santa-Lucia