De la France Australe

Le département de La Réunion contrairement à ce que beaucoup pensent se situe non pas aux Antilles françaises, vers le tropique du Cancer et l'Equateur, mais bien dans l'hémisphère sud, à un poil d'avion de la grande île de Madagascar, pays du Lémurien. Elle fait partie avec l'île de Mayotte, située au Nord-nord-ouest, des T.A.A.F, collectivité d'îles non habitées par l'Homme, éparpillées dans l'Océan Indien et la Terre Adélie en Antarctique, de ce que j'appelle la France Australe. C'est donc avec un enchantement certain que je pris mon envol pour l'étude de mon projet vers ce département dont je suis originaire.

Ainsi, après un peu plus de dix heures de vol entre Toulouse et La Réunion via Paris, j'arrivais enfin dans ce pays mystérieux et lointain. Enfin... mystérieux pour ceux qui n'y ont jamais mis les pieds ! Le voyage comme à son habitude en classe économique, ne fut pas de tout repos, et il est à noter qu'une certaine tradition - liée sans doute à l'imaginaire exotique - pousse les nombreux vacanciers et même les locaux à applaudir le commandant de bord pour la dextérité technique de son atterrissage. Une sorte de remerciement collégial pour nous avoir menés à bon aéroport. Après cet instant d'allégresse, nous nous précipitâmes tous vers la sortie sans un regard amical et bienveillant vers l'oiseau de fer. De là, nous attendîmes nos bagages dans la zone de transit avec les yeux rivés sur son tapis. Ce qui fut long en de telles conditions d'immobilisation. Le thermomètre en cette heure matinale était déjà au plus haut et l'humidité au sol contrastant avec le froid sec des hautes sphères même pour quelqu'un d'habitué comme moi, était étouffante. L'espace-temps ne me permettait plus de me situer vraiment. Etait-ce 06 heures ou 09 heures du matin ? A trois heures de décalage avec l'Europe - ce qui est peu, mon corps lourd de part la pression atmosphérique ne savait plus et mon cerveau était au ralenti. Enfin délivrée des formalités, je sortis de la zone internationale, accueillie chaleureusement par la famille. Je me retrouvais alors de nouveau en Europe. Un panneau tagué d'étoiles dorées nous le faisait comprendre. C'est donc cela, la continuité territoriale.  

Je me suis toujours demandée lors de tous mes vols vers Paris, quel était mon statut entre l'Austral et l'Occident, de l'Est vers l'Ouest, du Sud au Nord et vice versa. Tout ceci en visitant du dessus, ces mers et pays que sont Maurice, Madagascar, les Comores, le Kenya, la Tanzanie, la Somalie, l'Egypte, la Croatie, la Grèce, l'Italie, la Suisse et la France. Se posait à moi le questionnement sur la continuité territoriale, un vaste et fort débat pour tous les départements français très éloignés de la mère patrie. Cette discontinuité géographique que m'offrait le spectacle du vol Paris-Réunion (en vol de jour), me faisait apercevoir de par l'observation contemplative des reliefs, des villes, des lacs, des déserts, des îlots, de la forêt à la montagne, des glaciers de la Terre que j'étais bien du monde entier.