Dans les champs

INVENTER UNE HISTOIRE POUR RACONTER CE QU'ON ARRIVE PAS A DIRE

Publié par Andrea Baglione

Journal du projet

Séance 3


Cette séance a démarré par un temps d’écriture qui suivait une série d’échanges sur la fiction.

Qu’est-ce qu’une histoire ? À partir de quoi pouvons-nous écrire une histoire ?

L’enjeu était de les éloigner de l’association fiction - super-héros / super-pouvoir, afin de leur faire raconter une histoire en partant d’enjeux plus intimes, de choses qu’on ne peut pas dire dans la réalité (parce qu’on n’ose pas, parce qu’on ne sait pas, etc.) mais qui pourraient être transposées dans une fiction.

Les élèves ont alors d’eux-même eu l’idée d’une fausse anecdote à mettre en scène qui raconterait l’histoire de J. un garçon de la classe qui aurait un jour fait une fugue dans la forêt car il voulait disparaître. Nous avons, à la suite de cette proposition, organisé des temps d’interviews soulevés par cette fiction que nous allions créer. Pourquoi peut-on avoir envie de disparaître ? Qu’est-ce qu’une fuite ? Qu’est ce que l’amitié ? Qu’est ce que la liberté ? Cette histoire deviendra progressivement le fil directeur de notre fiction.

 

Extraits choisis :

Improvisation de Julien autour de la disparition de l’enfant dans la forêt. Il parle à la première personne, comme si c’était lui le personnage de l’enfant en fuite.


Je suis parti, parce que je voulais être seul.
Vivre tranquillement.
Ou peut-être même, si je voulais : mourir.
Mais ça bah, je pense pas que je voulais le faire, mais enfin... je voulais vivre.
J’étais encore qu’un enfant,
bah je suis toujours un enfant.
Je voulais être tranquille, je ne voulais pas avoir peur, je voulais vivre une vie normale.
Même si je savais bien que ça n’allait pas être normal.

Déjà, la nourriture, je la trouve où? Et l’eau ? Je connais pas la forêt, je ne sais pas où on en trouve.

Je suis parti parce que j’en avais marre des autres.
Ils me suivaient partout.
Je crois que c’est parce qu’ils croient que je suis petit, j’ai pas de force.

Pendant la semaine dans la forêt,  je me suis pas lavé.
Mais je crois que j’ai mangé et bien, j’ai dû manger des loups,
Enfin des restes de loups, enfin ce que mangeaient les loups.

Je connaissais pas, c’était pas bon, mais c’était le seul truc pour me nourrir.
Ça avait le goût du pâté pour chien un peu, c’était bizarre de faire ça, dans la forêt.
C’était effrayant-bizarre.

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Alors déjà ça a commencé quand personne ne m’aimait.
Pfff, c’était la cata, j’en avais marre. Et bah du coup je me suis dit,
Pourquoi ne pas partir dans la forêt et je m’en rappelle de ça.
Alors je me suis dit, je vais aller dans la forêt pour que je sois tranquille,
Mais en fait je ne suis pas tranquille, parce que déjà j’ai eu très peur.


J’étais dans le noir. Je voulais être avec des animaux et j’étais content déjà d’être avec des animaux parce que j’ai vu qu’il n’y avait pas que moi de vivant dans cette forêt.
Du coup j’ai essayé de suivre les animaux,
Mais ils m’ont chassé. Pour moi, j’avais les larmes aux yeux, je pleurais même je m’en souviens.


Je voulais rester en cachette, du coup j’ai eu l’idée d’aller dans leur grotte, dans leur espèce de grotte. Et je me suis caché, j’ai dormi, j’ai vécu plusieurs jours avec les animaux.


Je suis resté environ je crois une semaine dedans.

 

Entretien avec Melaine autour de l'histoire de J.

 

Des fois je m’ennuie en vacances,
chez moi des fois je m’ennuie aussi parce que des fois je ne sais pas quoi faire.
Alors je réfléchis à qu’est ce que je vais faire.
Par exemple, ce soir en rentrant, je ne sais pas ce que je vais faire, parce que… bah j’ai pas d’idées de choses à faire. Du coup, je vais réfléchir ce soir à ce que je vais faire et puis après bah… je vais faire des choses.  

Bah moi j’ai connu des personnes qui n’avaient plus envie de vivre.
Et du coup qu’ont fait comme Van Gogh bah quand il est mort.
Il s’est suicidé.
Enfin j’ai pas vraiment connu mais on m’a raconté des choses comme ça.
Ça parle de choses qui existent donc j’aime bien ce genre d’histoire.

Il y a des personnes parfois qui ont raté leur vie ou des moments de leur vie qu’elles n’ont pas passé bien. C’est comme ça qu’une personne elle peut se suicider.

Donc le petit garçon (en faisant référence à l’histoire de la disparition de J. la fiction que les enfants ont inventé) je sais pas s'il veut faire ça, mais il ne veut plus vivre, on dirait.
Mais ce que je trouve bizarre dans l’histoire, c’est que le petit garçon, il se perd.
Il va se perdre, et du coup ce que je comprends pas c’est pourquoi il n’a pas mis fin à sa vie directement et qu’il a préféré s’enfuir ?


Après avoir couru :

 

Bah être libre c’est un peu faire ce que j’ai fait, ce que j’ai envie de faire.
C’est pas forcément avoir personne avec moi, mais que personne m’interdise de faire des choses.
De pas rester tout le temps enfermé dans un endroit, de partir ailleurs.

Voilà. Pour moi, c’est ça être libre.

En fait des fois, je suis libre mais je me sens pas libre. même si je suis déjà libre, mais...

Un temps

Quelquefois je me sens libre, mais très peu.

 

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Les supers-héros dans les films ou les dessins animés ils sont là pour sauver le monde.
On a vu personne avec des supers-pouvoirs dans la vie.
Mais sinon ceux qui pourraient remplacer les supers-héros ça serait les militaires ou les policiers,
même si pour moi ça n’a rien à voir un militaire et un super-héros.