J'ai proposé aux enfants un exercice simple : marcher dans la salle de façon à la remplir totalement, sans y laisser d'espace vide, tandis que j'incarne un mur imaginaire qui rétrécit l'espace et le réagrandit, le tout en musique. Les enfants réalisent la consigne, mais ne peuvent pas s'empêcher de marcher n'importe comment, de faire des blagues, de discuter dès qu'ils croisent quelqu'un... Alors je leur propose d'imaginer un public. Que ce que nous faisons, marcher simplement, c'est déjà de la danse. C'est une chorégraphie, en musique, avec un début et une fin. Pour cela, ils ne doivent pas juste réaliser la consigne (remplir l'espace), mais ils doivent aussi être présent. Etre présent, pour moi, c'est être entier dans ce que je fais. C'est se donner à voir, en toute simplicité.
Je les ai aussi questionnés les notions d'interprétation et d'émotion. Quels sont les moyens, pour le danseur-interprète, d'exprimer et de transmettre une émotion au spectateur ? Quelles sont les libertés du danseur-interprète par rapport à un mouvement donné pour l'investir d'une émotion ? A partir d'une chorégraphie commune, les enfants, par groupe de 5, l'ont réinterprété avec une émotion différente chacun (peur, colère, timidité, tristesse et fierté).
Enfin, Estelle a proposé différentes musiques à écouter. Nous avons analysé ces musiques, en cherchant à comprendre ce qu'elles exprimaient et comment (quels instruments, quel tempo, quelle mélodie...). Puis j'ai invité les enfants à se mettre debout, les bras le long du corps, les yeux fermés. Tout d'abord, il fallait juste écouter la musique. Puis, uniquement avec les bras, danser sur la musique, se laisser porter, l'exprimer.
Sur le chemin du retour à l'école, un enfant me dit : "Finalement, j'aime bien la danse, mais je crois que c'est parce que tu nous fais faire de la fausse-danse !". Ce à quoi je lui réponds : "Comment ça ?", et lui de s'expliquer : "Ce n'est pas la même danse qu'à la télé."