Les mouvements du son
"La troisième semaine, avec André Fèvre, nous avons travaillé le son. Nous avons fait sonner les objets de notre choix, dont nous aimions le son. Nous avons fait du bruitage. Cela nous a surpris, parfois apaisé, c’était parfois très drôle. Cela nous a montré qu’il fallait aller au bout du mouvement pour l’entendre, comme pour les chronophotographies. "
Comment écoute-t-on ce qui nous semble si familier quand on approche un micro? Comment le donner à entendre?
Et quels bruits peut-on inventer?
André Fèvre est ingénieur du son, musicien, bruiteur. Je travaille avec lui régulièrement. Je l'ai invité pour qu'il nous aide à entendre, à faire sonner les mouvements. Nous avons enregistré des bruits d'objets familiers, des gestes dans l'espace, des bruitages de bouche. Il a enregistré les élèves qui travaillent en silence, qui jouent et crient dans la cour, qui se déplacent en rang. Ces enregistrements étaient destinés à faire entendre aux enfants les rythmes de leur quotidien, les matériaux, à susciter du jeu. À partir de ces enregistrements, nous avons réalisé une bande-son pour le film de l'exposition.
Au cours de cette troisième session, j'ai réalisé une nouvelle série de chronophotographies, en extérieur. Au départ de ce projet, je cherchais à travailler sur le rapport entre le corps contraint et le corps libre, la discipline et le jeu. La cour est l'espace de jeu des enfants, là où toutes les tensions accumulées pendant les heures d'étude se libèrent, et où, sans doute, ils expriment le plus librement leur personnalité, sans trop y mettre d'intention.
La transparence des corps, en leur donnant un côté fantomatique, inscrit leur présence dans le passage du temps, la succession des générations. C'est ce qu'a bien perçu une habitante du village, dont les fenêtres donnent sur la cour.
Ce sont ces images que nous collerons en grands formats sur les murs de l'école, dans les rues du village.