Cette histoire nous a amenés à produire deux interprétations plastiques

Rentrons dans le monde des contrebandiers

Publié par École de Nébias

Journal du projet

Pour comprendre les méthodes de travail d'Adrien nous avons, nous aussi, lu des histoires de contrebandiers. En voici une...

Les randonnandiers

Il y a bien longtemps, il n’y avait pas de frontières entre la France et l’Espagne. C’est en signant le traité des Pyrénées en 1659 que cette séparation fut décidée et tracée sur 656 km.

C’est bien joli de décider un jour d’une limite pourtant les gens habitant là avaient leurs habitudes. Comment une ligne imaginaire pourrait-elle tout changer en un claquement de doigts ?

C’est ainsi que sont nés les contrebandiers et aussi les douaniers : les villageois de nos montagnes avaient bien l’intention de continuer leurs petits commerces et l’Etat avait bien l’intention de faire respecter la loi.

Voici donc l'une de leurs aventures…

Ignacio et Pablo avaient marché toute la journée. Le temps était resté sec mais le froid était mordant au port de Venasque, entre l’Espagne et la France. Alors qu’ils s’apprêtent à redescendre sur Luchon, ils s’arrêtent juste un instant pour admirer la vue sur la vallée mais aussi sur leurs magnifiques Pyrénées.

La nuit tombe et l’inquiétude monte car ils vont devoir maintenant marcher au moins trois heures pour livrer leur chargement d’allumettes à leur client français.

Ignacio pense à sa mère qui l’attend… Encore trois jours et il la retrouvera. Il posera la liasse de billet sur la table, elle fera de grands yeux mais ne dira rien. Elle lui versera un verre de vin et l’écoutera comme toujours raconter son voyage.

«  Vous aussi vous transportez… »

Cette voix, qui venait de derrière lui, sortit Ignacio de ses rêveries. Il ne répond pas, il faut d’abord qu’il voie à qui il a affaire.

« Nous faisons un petit contrôle, juste comme ça. »

Nous ? En se retournant, Ignacio voit trois silhouettes. Ignacio garde le silence…

« Je suis sûr que sur vous, il n’y a rien à contrôler… Vous aussi vous allez à Luchon ?

Oui, répond Ignacio, nous aimons la marche.

Ah, ah, ah, rit l’homme d’un air mauvais ; vous ne voulez quand même pas me faire croire que vous êtes des touristes. Petits Españolitos, si vous ne voulez pas qu’on vous dénonce, il va vous falloir payer en marchandise … Vous transportez quoi ? De l’anisette, des cigarettes ?

Des allumettes, répond Ignacio.

Ils sont fous, rigole l’inconnu. Pour des allumettes, pas de paiement en nature, il nous faut de l’argent. »

Ignacio, se sachant coincé, tend un billet à l’inconnu qui le prend sans un mot et se met à dévaler la pente.

Ignacio et Pablo reprennent la route mais ils ne sont pas rassurés… Et si les hommes allaient quand même les dénoncer aux douaniers ? Ils seraient alors trop faciles à surprendre, les douaniers n’auraient qu’à les attendre là où commence la route goudronnée…

Ils marchaient maintenant dans une brume épaisse quand juste au-dessus du chemin, nos deux espagnols aperçoivent l’entrée d’une grotte.

Ignacio et Pablo décident alors d’y passer la nuit. Ils pourraient ainsi attendre dans cet endroit sûr et finiraient leur route le lendemain ; les douaniers ne les attendraient pas si longtemps.

Bien à l’abri dans la grotte, cachés par la brume, nos deux hommes décident d’allumer un feu et de s’offrir un petit casse-croûte fait de jambon et de vin. Sûrs d’être en sécurité, nos deux contrebandiers s’endorment tranquillement tout près du feu avec leur sac comme oreiller.

Brusquement le souffle régulier des dormeurs fait place à un cri de panique : une épaisse fumée sort du sac de Pablo. Ignacio bondit sur son sac mais déjà ce dernier s’enflamme… il est trop tard.

Sans pouvoir rien faire, les deux hommes sortent de la grotte envahie de fumée. Il ne leur reste plus qu’à descendre à Luchon pour tout expliquer à leurs clients.

Comme ils le redoutaient, les douaniers les attendent :

« Avez-vous quelque chose à déclarer ? demanda un douanier.

Non, répondit Ignacio, vous voyez bien, nous n’avons pas de bagages. Nous sommes des randonneurs, c’est très joli ici !

Vos papiers ! »

Bien sûr, les douaniers ne trouvent rien et nos deux randonnandiers, après une visite à Luchon, reprennent la route pour rentrer chez eux.

Les randonnandiers