Capitaine, ma Capitaine est un texte à destination du jeune public, de Paul Francesconi. Il est mis en scène en collaboration par Fany Turpin et Lola Bonnecarrère, et joué en alternance par les deux artistes. Il permet d’aborder, dès 6 ans, les thématiques du genre et de la discrimination sexiste. Cette pièce propose aux spectateur.rice.s de participer activement au spectacle lors de diverses interventions. Ce seul en scène donne la parole au personnage de Firinga, jeune fille qui raconte ses jeux d’enfant solitaire. Exclue par les garçons parce qu’elle n’en est pas un, elle se fantasme capitaine de bateau contre mutineries et cyclones, vents et marées, jugements et claques d’eau sur son bateau le Diego. En contact permanent avec son adjoint imaginaire Zanatany, qui s’occupe de la gestion de l’équipage, elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour amener son bateau à bon port.
Grâce au dispositif “Création en cours” des Ateliers Médicis, Fany et Lola ont rencontré la classe de CM2 de l'école des Cryptomérias à St-Joseph, La Réunion. Ensemble, iels ont expérimenté un processus complet de création artistique: la classe a créé entièrement leur courte pièce "Le secret entre nous", travail nourri par les nombreux échanges et rencontres avec différent.e.s profesionnel.le.s, sorties scolaires, jeux, travaux d'écriture et de création, etc. Iels ont aussi assisté à différentes étapes de la création de Capitaine, ma Capitaine jusqu'à une représentation publique de la pièce.
Capitaine, ma Capitaine est une commande de Marcelino Méduse, fondateur de la compagnie Aberash, à Paul Francesconi. Le textes a été écrit dans le cadre d’une résidence à la Chartreuse - Centre national des écritures du spectacle, Villeneuve lez-Avignon en 2018 à laquelle les deux artistes ont participé.
Avec ce projet, nous, Fany et Lola, nous lançons pour la première fois le défi de la mise en scène, défi d’autant plus excitant que cette mise en scène est un travail de collaboration : nous nous retrouvons toutes les deux comédiennes seules en scène en alternance et metteuses en scène. Ce défi nous stimule et nous pousse à une réflexion à laquelle nous n’avions pas eu l’occasion de nous confronter précédemment dans nos carrières. Notre intention avec ce projet n’est pas de créer une pièce moralisatrice et bien pensante qui explique de façon didactique que “le sexisme c’est mal” mais bien de proposer une représentation fidèle de nos vécus de femmes dans une société patriarcale. Nous voulons raconter les rêves d’aventures épiques d’une enfant qui fait face à une discrimination sexiste. Nous souhaitons proposer une expérience riche aux publics en créant un spectacle participatif, qu’iels ne soient pas simplement spectateur.trice.s passif.ve.s mais qu’iels soient nos partenaires de jeu. La pièce parle de ce “jeu d’enfant” et c’est celui que nous cherchons dans notre travail de comédienne et que nous voulons partager avec elleux. C’est cette expérience du théâtre que nous voulons transmettre : “jouer” pour/comme un.e acteur.rice c’est “jouer” pour/comme un.e enfant. Concrètement, iels jouent les diverses intempéries qui rythment la pièce. Iels sont les vagues: iels font de multiples olas pour déstabiliser la comédienne, iels sont la pluie: iels arrosent la comédienne au plateau à l'aide de pistolets à eau, iels reprennent comme un écho le chant de Firinga. Nous souhaitons que les enfants soient au plus près du spectacle, qu’iels en aient un accès intime : nous voulons qu’iels expérimentent de façon sensorielle cette histoire. Nous portons un grand intérêt, en tant que spectatrices et donc en tant que créatrices, à l'esthétisme d’un spectacle. Nous voulons offrir un imaginaire riche, charnu aux spectateur.rice.s. Notre espace de jeu est composé de gonies recouvertes de sable d'où surgit la proue d'une barque. Une pluie de confettis multicolores viendra nourrir le point d'acmée de notre cyclone. La création scénographique et lumière est réalisée par Pierre-Armand Malet, assisté par Alice Laslandes. La création sonore, réalisée par Gérald Loricourt, accompagne et nourri les aventures épiques de Firinga. Notre Firinga apparait d’abord en ciré jaune puis se transforme en capitaine de navire imposante et fantasmagorique tout droit sortie des profondeurs. La création costume est réalisée par Teresa Small. Nous avons aussi décidé de nous faire accompagner par Daniel Léocadie en tant que regard extérieur afin de nous aider à la direction d'actrice.
Avec la classe partenaire, nous souhaitions partager avec elleux l'expérience d'une création c'est pourquoi nous leur avons proposé de créer leur propre objet artistique en plus d'être témoin de notre processus de création. Nous avons beaucoup échangé, débattu, confronté nos idées et expériences sur différentes thématiques afin de se nourrir mutuellement. Nous nous sommes intéréssé.e.s au sexisme, en théorie et en pratique. Nous avons appris sur l'Histoire de notre île. Nous nous sommes rendu.e.s sur des sites importants liés à la piraterie accompagné.e.s de Laurent Hoarau, historien, et Marcel Tipveau, descendant de Bibik, chercheur de trésor. Nous avons écrit des fictions, des monologues, des dialogues. Nous avons inventé et dessiné des costumes, des scénographies, fabriqué une carte avec l'aide de Pierre-Armand Malet, mis en musique et chanté des morceaux accompagné.e.s d'un cajon. Nous avons envoyé des bouteilles à la mer à des correspondant.e.s à l'autre bout de l'île. Nous avons fait des exercices pour apprendre à connaître notre corps, notre respiration, notre voix. Nous avons joué, improvisé, mis en scène. Nous avons joué "Le secret entre nous" avec tout ce que nous avions imaginé: le texte intégral écrit par les élèves, les comédien.ne.s, les musicien.ne.s, la scénographie, la mise en scène, etc. Nous avons visité un théâtre et avons joué ensemble lors d'une représentation de Capitaine, ma Capitaine.
Par le(s) artiste(s)