Ecriture d’un territoire : l’ouvroir d’une aventure

Plutôt que de rencontrer son public dans des circonstances formatées, quel plus beau projet pour un auteur jeunesse que d'embarquer de jeunes lecteurs dans une aventure d'écriture au long cours ?

La question de la production d'écrit à l'école a été au centre de ma pratique et de mes réflexions d'enseignante. Cependant, cette pratique de classe s'inscrivant dans le cadre institutionnel, je n'ai jamais pu proposé à mes élèves de projet créatif libéré des contraintes scolaires. Le fait d'être la "maîtresse" de la classe m'interdisait de fait d'être l'auteur jeunesse (impossible de porter les deux casquettes à la fois), et me privait d'apporter aux enfants la liberté de la proposition de l'artiste et de son point de vue sur la norme scolaire.
A l’inverse, les rencontres scolaires que j’ai eu l’occasion de faire en tant qu'auteur étaient trop ponctuelles pour permettre d'engager un vrai projet de création.
En revanche, ces interventions dans les classes, souvent associées à des salons du livre, m'ont conduite dans de nouveaux territoires (St Martin-de-Crau, le nord Aveyron, Épinal, Saint-Nazaire etc.) que les différents acteurs des rencontres, enfants comme adultes, avaient à cœur de me faire découvrir.
Il m'a semblé qu'il y avait là un potentiel de création et de transmission, la possibilité d'un projet collaboratif d’écriture porteur de sens car ancré dans un lieu donné. La seule condition pour saisir ce potentiel, c'est de pouvoir inscrire ce projet dans la durée.

Actuellement en disponibilité pour me consacrer à l'écriture, je travaille sur des projets plus longs que les albums jeunesse précédemment publiés, notamment une pièce de théâtre et un roman, tous deux destinés à la tranche 8 - 12 ans.
J'ai pour méthode de travailler plusieurs textes en parallèle, et je serai enchantée de mener un projet collaboratif avec des élèves de CM ou de 6ème sur plusieurs mois, tout en continuant à travailler sur mes projets personnels.

Je crois en la puissance émancipatrice de l'écriture.
Et je regrette le peu de temps effectif consacré à la production d'écrit dans les classes. La plupart des élèves ont trop peu l'occasion au cours de leur scolarité de produire des écrits réellement signifiants, dans lesquels ils puissent investir leur moi profond et interroger leur point de vue sur le monde qui les entoure.
Le cœur du projet est donc de faire écrire. Et réécrire bien sûr, car pour aller au bout d'un projet d'écriture il faut avoir le temps et les moyens de retravailler son texte.
Partir d'une visite guidée que les élèves auront préparée, avec des points d'arrêt dans les lieux qu'ils le perçoivent comme important, permettra de convoquer le regard qu'ils posent a priori sur ce territoire. Cette visite me donnera matière à la production d'un texte de 10000 à 20000 signes (récit, nouvelle ou pièce de théâtre en un acte) qui évoquera le territoire à travers mon imaginaire remodelant leur point de vue.
Le travail d'écriture et de réécriture qui leur sera proposé par la suite, et qui se nourrira aussi de lectures et de temps de parole, les amènera à faire évoluer leur regard sur ce territoire et à s’en approprier de nouveaux aspects. Mon intention est de les conduire à faire l'expérience qu'écrire c'est non seulement s'exprimer mais encore affirmer un point de vue choisi et assumé sur le réel.
Par ailleurs, cette évolution de leur regard sur leur lieu de vie provoquera immanquablement pour certains d'entre eux des échanges avec leur famille et leur entourage, ce qui créera un intérêt et une attente de la communauté quand à la parution du recueil et la lecture publique.

Le projet pourra s'étoffer en fonction de la façon dont les élèves et l'équipe pédagogique se l'approprieront. On pourrait imaginer que les classes réalisent des enquêtes ou rencontrent des habitants du territoire en question pour confronter leur vision à d'autres regards, voire pour enrichir leurs textes de portraits. On peut penser à des publics particuliers apportant des points de vue contrastés : personnes âgées, nouveaux arrivants (y compris des migrants le cas échéant)) etc. 
D'autre propositions ou partenariat (par exemple avec une bibliothèque) pourront être imaginés avec l'ensemble des participants.

Je suis ouverte à toute proposition de départements de résidence, que ce soit dans une région proche (PACA ou Rhône-Alpes) ou plus lointaine.