Ici l'utopie est un projet de recherche questionnant le festival comme un monde à créer et à vivre. Le festival est un événement court qui s’implante sur un territoire délimité, c’est une utopie, une manière d’expérimenter et d’éprouver un monde pour un jour, une cellule de création éphémère.
Le temps accordé par Création en cours correspond à la première étape de travail, il s’agit de développer des utopies. Marie pense l’utopie comme une méthodologie, elle dessine grâce à elle le territoire du festival, comme un manifeste qui devient pour la suite son inspiration. Cette étape se matérialise par un alphabet de principes scéniques visant à rêver le festival (maquettes, dessins, écrits).
Avec les enfants, Marie questionne la fête de l’école comme un temps de rassemblement au même titre que le festival. Voir la fête de l’école comme un monde à créer, accessible seulement une journée dans ce territoire qu'ils connaissent si bien, la cour de récréation
Ici l’utopie est un projet de recherche autour du festival de musique comme monde à créer, comme bulle de création éphémère pour réfléchir de nouvelles conditions de rencontre entre la musique et le spectateur, de nouvelles manières d’écouter, d’être ensemble et de fêter.
Ce projet vient en premier lieu d’une fascination pour le parc d’attraction. Derrière ce que l’on voit du parc d’attraction tel qu’on le connait, derrière sa vision capitaliste du monde qui pousse à la consommation, qui crée des envies et des besoins, derrière ses désastres écologiques et ses façades colorées se cachent des utopies architecturales. Il y a de belles histoires derrière Coney Island et les parcs de Walt Disney, des envies d’éprouver des sensations fortes, des besoins de vivre une autre vie pour quelques heures, d’ouvrir des mondes. Le parc d’attraction est une bulle hors espace / temps déconnecté de la ville et de son rythme, c’est un lieu d’utopie en soi, car comme l’évoque Yann Rocher, architecte et historien : L’utopie n’est pas sans lieu : au contraire elle désigne l’avènement d’un lieu effectif à même de faire surgir un autre réel, elle dessine un horizon pour porter plus loin le regard, ou même en modifier le conditionnement.». Et c’est ce qui fait du parc d’attraction un espace de création hors du commun, en voulant donner du “fun”,des sensations, certaines idées deviennent tellement fortes qu’elles sortent du parc pour réinvestir la ville, c’est l’exemple de New-York avec l’invention de l’ascenseur pour le parc Coney Island qui deviendra l’outil indispensable pour penser les grattes ciels de Manhattan.
Alors que les parcs d’attractions s’estompent dans le paysage culturel, le festival lui, connaît un essor incroyable en s'installant dans des zones rurales, péri-urbaines, sur des iles, en proposant de la musique, du théâtre, de la danse etc… Je vois dans le festival le renouveau du parc d’attraction avec toujours cette volonté de créer un espace hors du temps et de la ville, un espace pour s’amuser, se divertir mais cette fois avec des artistes et la question du live.
Je décide de m’emparer du festival et plus particulièrement du festival de musique pour en créer une utopie, un terrain d’expérimentation éphémère. Le festival de musique, le plus souvent, se déroule en été, dans un espace ouvert loin des grandes villes ce qui imposent aux festivaliers de dormir sur place, en camping afin de proposer une expérience plus globale. Une programmation des artistes est communiqué à l’avance et se déroule sur plusieurs scènes sur le territoire pendant 1 à 3 jours environ.
La déconnection du festival du quotidien lui permet d’être un terrain propice à de nouveaux rituels, une autre manière de vivre le temps du festival. Ici l’utopie est une réflexion sur le festival comme monde utopique. Je choisis l’univers de la forêt pour implanter le festival, ce qui implique de ne pas tout voir d’un coup, de se perdre. Je l’imagine comme un dispositif global permettant d’interagir avec ses visiteurs, comment l’énergie des festivaliers pourrait être transformée par le festival en son, en lumière, pour que la fête évolue avec les spectateurs ? Je réfléchis à un festival sans programmation, sans horaire, où le rapport au temps est unique en travaillant sur les lumières sur le passage du jour à la nuit. Je questionne aussi le chemin pour se rendre d’un concert à l’autre comme un parcours scénique, se laisser guider par un échos, une lumière qui avance dans la forêt à la découverte d’une nouvelle scène.
Ce projet se situe à la frontière de plusieurs discipline : le design, l’architecture, les arts visuels et l'événementiel, ce qui en fait un projet riche et complet. Création en cours me permettrait de lancer, développer et finaliser l’étape 1 du projet, c’est à dire mettre en place la cartographie du territoire du festival, idéaliser les concepts, créer l’univers et raconter son histoire. Mettre en mot et en image ce monde rêvé dans une exposition. J’y vois aussi l’opportunité de partager ma vision du design et de la création en général avec des enfants, leur apporter peut-être, ce que moi je n’ai pas eu dans mon enfance en milieu rural, une autre vision des métiers de la création et des métiers du faire. J’ai depuis longtemps, une envie de réfléchir à des outils pédagogiques, des manières d’apprendre, et plus particulièrement apprendre par le “projet”, aller chercher le savoir quand on en a besoin, car je suis persuadée que c’est par le faire, par l’expérience que l’on apprend, que l’on retient, que l’on s’améliore, que l’on prend du plaisir et que l’on est satisfait de son travail.
Par le(s) artiste(s)