« Dans le geste de se soulever, chaque corps proteste de tous ses membres, chaque bouche s’ouvre et s’exclame dans le non-refus et dans le oui-désir ». L'exposition de G. Didi-Huberman est à l'origine de ce projet de résidence autour de la notion de « soulèvement ». Que se passe-t-il corporellement lorsque nous nous soulevons pour une cause qui nous est chère, au moment précis où nous nous engageons viscéralement ? Mon travail personnel s'inspirera de textes, photos, peintures, films, dans le but de monter une pièce pour cinq danseurs et musiciens autour de la notion de Soulèvement. Au sein de l'école, j'organiserai des ateliers de recherche chorégraphique, en plongeant les enfants dans un processus réel de travail, avec un musicien qui utilisera le rythme pour travailler l'élan, la spontanéité, l'unité et la notion de groupe. Une restitution sera présentée en public, qui montrera aussi bien le travail des enfants que l'avancée de mes recherches chorégraphiques personnelles.
J’ai eu l’idée de ce projet autour de la notion de Soulèvement après avoir vu l'exposition de G. Didi Huberman au Jeu de paume. J'ai tout de suite été inspiré et touché par l'énergie de cette exposition, la force et l'émotion que transmettaient les photos de Gilles Caron, de Marc Riboud et des tableaux comme Guernica de Picasso ou encore Tres de mayo de Goya qui se trouvaient devant mes yeux. La puissance et l’unité sont frappantes. Une puissance qui pousse l'être humain à ce soulever lorsque l'on va contre son désir profond et une unité qui le rend plus fort pour « combattre » ces idéologies. Mon travail personnel s'inspirera de textes, photos, peintures, films, présentés dans l'exposition de Didi-Huberman, dans le but de monter une pièce pour cinq danseurs et musiciens autour de la notion de Soulèvement. L’histoire nous a montré qu’à l’encontre des désirs de chacun, il y a parfois des énergies qui se soulèvent. À un niveau personnel ou à plusieurs, nous avons pu constater la puissance avec laquelle un soulèvement peut renverser un état, un pays, abolir des lois, dire non. C’est cette puissance et cette énergie viscérale parfois risquées, dans la violence ou le pacifisme, que j'ai envie de remettre en jeu dans cette nouvelle création. Ce projet constituera une première étape dans mon processus de création : Je pourrai ainsi rassembler mes idées, avoir un temps de réflexion, me documenter et expérimenter le corps. J'axerai mes recherches chorégraphiques en m'inspirant des mouvements de foule en lutte, par exemple des photos comme celles de Gilles Caron ou Marc Riboud, des films, des chansons révolutionnaires, des tableaux de Goya ou Picasso. Je puiserai mes sources dans les désordres sociaux, les agitations politiques, les insoumissions, les révoltes, les bouleversements en tout genres dans l’histoire comme les Black Panthères, les moines tibétains, la révolution anti-franquiste d’Espagne... ¡NO PASARAN! mettra en scène la foudre de chaque corps, la folie de chacun des interprètes et l’énergie inépuisable que cinq hommes vont déployer pour offrir au public une chose simple et précieuse: l’élan vital qui les pousse à s’exprimer sur un plateau. Dans une société qui aujourd’hui est en crise, cette pièce révèle la fougue de la jeunesse, une jeunesse qui se soulève contre les inégalités et l’oppression, une jeunesse qui a encore la force de prendre la parole et de livrer corporellement ses pulsions et ses désirs. Simultanément, j'aimerais avoir un temps de recherches corporelles, de travail avec les musiciens et les danseurs de la compagnie afin d'explorer le corps à travers des improvisations sur les thématiques de l’oppression, de la révolte, du soulèvement. Le premier manifeste du soulèvement c’est un cri, un refus, le refus de ces cinq hommes va s’exprimer par le corps. Que se passe-t-il corporellement lorsque nous nous sentons écrasés ? Oppressés ? Sous tension ? A l’origine du soulèvement, il y a la sensation d’écrasement. Ainsi, à partir de portés, de transferts de poids et de forces, de courses, nous tenterons de retranscrire à travers nos corps l’envie de repousser les carcans qui nous écrasent. Lutter contre ce qui va à l’encontre de nos désirs, et donc partir du sol pour s’élever vers le ciel. Les bras se lèvent, pour se battre et vaincre. Le processus long et épuisant se poursuit jusqu’à ce que la puissance du désir l’emporte sur l’autorité. Le point commun entre les interprètes est d’être hommes, danseurs et musiciens. A cinq, ils assemblent leurs énergies pour donner vie à une pièce basée sur le contraste entre la fusion des corps, le partage, et la brutalité de dynamiques qui s’entrechoquent sur le plateau. La musique elle aussi est corporelle, organique, et la création musicale se fera de concert avec l’écriture chorégraphique. Le corps peut lui-même devenir instrument de musique. Les instruments et outils électroniques sont autant d’interprètes sur le plateau et jouent avec les artistes, accompagnant cette recherche d’une fusion totale entre musique et mouvement. L’écriture à la fois dansée et musicale sera l’un des moyens nous permettant d’accéder à un véritable lâcher prise, de voir comment corps et sons se répondent et nourrissent les différentes énergies. Dans les précédentes créations de la compagnie, nous avons montré un goût pour la musique live mais aussi pour le contact. Le contact est pour nous un élément essentiel de la création. Du regard à la poignée de main en passant par le sourire, il est la première rencontre avec autrui. Le contact est symbole de partage et d’humanité. Un langage. Dans nos précédentes créations, la performance physique n’est réalisable qu’en travaillant en corps à corps, à deux, en mêlant les énergies. Sans le partenaire, impossible de continuer et d’aller au bout. Si l’un lâche, l’autre tombe. C’est ce même contact que nous cherchons à recréer avec les cinq interprètes de ¡NO PASARAN! Trouver ce qui les lie, à cinq, et y mêler les spectateurs, qui deviennent à leur tour musiciens et chorégraphes. En parallèle à ces recherches je mettrai en place des séances d'ateliers chorégraphiques avec les enfants qui permettront de travailler autrement les différentes notions tel que l'élan, le rassemblement, l'unité, l'élévation. J'aimerais les plonger dans un réel processus de travail chorégraphique afin de monter avec eux une pièce et une restitution à la fin de la période.
Paris
Par le(s) artiste(s)