Libéré des exigences esthétiques, le dessin déploie toutes ses diversités de formes, de supports, de techniques, et de sujets. Ces diversités font de lui une pratique riche qui se suffit à elle-même. Il s'agit d'une technique universelle, permettant de découvrir l'artiste dans sa pratique la plus intime ainsi que son cheminement de création. Le philosophe français Jean-Luc Nancy considère que l'essence de la singularité se concentrait en un trait. Le dessin se voit comme un médium simple et intime, loin des contraintes de production. Il devient le moyen d'interprétation le plus simple du monde.
Le dessin est une étape dans mon processus de création, mais il est également considéré comme une pratique autonome. Mon projet de création consiste à poursuivre ma recherche graphique autour de la représentation singulière du corps. C'est à travers le dessin que je tente d'abandonner une représentation littérale du corps pour créer un univers étrange et onirique. Les formes s'entrecroisent, s'entrelacent. Le cheveu, dans mon processus, devient une sorte de matière rampante. La trame se propage, prolifère, et fait naître des boules, des sortes de tentacules, des choses qui évoquent la coiffure, tout en s'en éloignant. Il s'agit de s'écarter du réel, de la simple illustration. Progressivement des corps féminins surgissent de la feuille. Ce sont les « étrangetés féminines ». Le réel se transforme en quelque chose d'indéfinissable, en pleine mutation. Le projet que je souhaite mener avec les élèves est le même, qui tourne essentiellement autour du corps et du dessin, l'une de mes principales pratiques artistiques. Il s'agira de créer un laboratoire graphique, un cabinet de curiosités en collaboration avec les élèves, qui permettra de mettre en avant toutes les recherches graphiques effectuées. A partir d'un élément du réel, les élèves pourront créer des corps insolites. Il s'agit d'aller au delà du réel, le surpasser, s'éloigner des corps stéréotypés auxquels ils sont ancrés à cause des médias. Ainsi ils créeront leur propre écriture graphique et par conséquent, leur propre univers tout en portant un regard sur la société dans laquelle ils grandissent. A travers ce projet, je souhaite permettre aux élèves d'explorer leur imaginaire, de s'affranchir du réel et d'atteindre une liberté créatrice. Corps insolites, Corps oniriques, Corps grotesques, Corps poétiques, Corps fantaisie, Corps hybrides. Une infinité de possibles et d'expérimentations ressortira de ce travail graphique qui sera réalisé dans divers format, à l'encre de chine, ainsi que d'autres médium comme la gravure, le collage, intégration d'empreintes. Ils feront face à l'accident, à l'aléatoire et à l'imprévu. Des artistes tels que Wangechi Mutu ou encore Shoshanna Weinberger seront des référents de nos expérimentations. Les élèves pourront également ramener leurs propres références. Une documentation autour de la représentation du corps sera mise en place. Des visites au musée seront programmées selon les expositions présentées. A la fin du projet, un véritable laboratoire graphique, une sorte de cabinet de curiosités sera monté au sein de l'établissement ou encore dans un espace d'exposition spécifique. Les réalisations pourraient ainsi être montrés au public.
Guadeloupe
Par le(s) artiste(s)