Le jour du spectacle, école Passamainty village, Mayotte, 2021

Danser la forêt, exposition et spectacle

Publié par Lika Guillemot

Journal du projet
Arts visuels Danse Installation Théâtre, Cirque, Arts de rue, Arts plastiques, Arts numériques, Photographie.

Le 24 juin 2021 nous avons réalisé une restitution publique du travail mené pendant les ateliers d'arts plastiques et arts de la scène avec les élèves de l'école Passamainty village.

Nous avons travaillé à trois et en étroite collaboration, nous, les deux artistes et l'institutrice de l'école responsable du projet et de la classe, Zalia Attoumani. Et même, à quatre, car la présence et l'investissement de la directrice de l'école Rose-Marie Bloquet fut remarquable.

Après avoir introduit les théories et histoires des mythes liés à la forêt et à la nature, nous avons regardé, décrit et analysé certains éléments issus de cette nature mahoraise, puis nous avons pris connaissance de certains textes sur certains rapports homme-nature et mythologie. Enfin nous avons développé des trainings physiques et somatiques appuyés sur la danse, le cirque et le théâtre et développé des ateliers d'arts plastiques, notamment de dessin et de sculpture.
 
Nous avons réuni, récolté, recyclé ces éléments dans la construction/fabrication de la restitution qui a pris deux formes : une exposition avec toute la production des élèves (textuelle et plastique) et une performance de danse-théâtre qui a été donné trois fois pour tous les autres élèves de l'école, ainsi que les parents et le personnel de la DAC et de l'éducation nationale.
 
Et même la télé est venue faire un reportage sur notre travail ! Nous sommes passés lors du journal de 19h sur Mayotte la 1ère ! Les enfants (et les adultes) étaient très fiers de cette reconnaissance ! C'est important que le travail que nous fournissons soit reconnu, car nous avons tous besoin d'être reconnu par et dans ce que nous sommes et réalisons !
 
Les élèves ont créé une forêt imaginaire qui se déplaçait ! C'était magique ! Cette forêt était composée de récits, d'histoires récoltées auprès de leurs anciens, de mythes, d'histoires locales, de danse, de mouvement d'êtres hybrides, entre l'humain, l'animal et le végétal.
 
Les élèves ont créé eux-mêmes leurs mouvements et leurs costumes. Ils ont filmé et ont été filmés, tous passant devant et derrière la caméra, expérimentant ainsi les différents métiers qui composent un film. Ils ont écrit, parlé, chanté, dansé, dessiné, peint, et ces différents médiums ont révélé différentes facettes de leur personnalité et redistribué, changé les rôles qui leur ont été assigné comme des stigmates.
 
Pour certains, le dessin les a révélé, pour d'autres, c'est le contact avec le public. Et quelle magie et merveille de les voir prendre confiance en eux !
 
Ils ont incorporé ces formes hybrides qui étaient auparavant dans l'imaginaire, ces formes passées par le papier sous formes diverses, textuelles, plastiques, et toutes ces différentes couleurs, voix et métamorphoses ont créé des corps-paysages, des corps collectifs.
 
Cette démarche vers l'autonomisation les a mis au centre de la création, entre l'autobiographie et l'autofiction. Car ce processus qui aboutit dans cette forme pluridisciplinaire ne visait pas à les formaliser, modéliser, mais plutôt à leur donner des outils pour qu'ils s'autonomisent dans la création artistique par l'expérience suivie et vécue.
 
Leur récits et expérimentations à la première personne sont ainsi une façon de produire du savoir en mettant notamment en jeu des situations où les élèves ont leur propre expérience. Ils deviennent ainsi des créateurs et des producteurs de savoir. Car chaque parcours est différent au sein de cette expérience. Tout comme Mayotte, une île en forme d'hippocampe, un ancien volcan, entouré de coraux, avec une diversité chaotique et colorée, problématique et généreuse, qui se couche tôt et se lève très tôt... Une île pleine de forêts imaginaires qui dansent !

Jour de la restitution, le 24 juin 2021