© Lysandre Muyard

Exercices de théâtres

Publié par Maud Cosset-Chéneau

Journal du projet
Théâtre Science

Durant la deuxième semaine de résidence, je lance les élèves dans trois aventures, qui mobilisent à la fois les bases du jeu théâtral, la construction et l'interprétation de leurs conférences théâtralisées, et les questions liées à la vie collective, et plus particulièrement l'épineuse posture de spectateur.ice.s.

1- Les émotions. Nous faisons un travail pour exprimer et performer sur scène une palette d’émotions en partant des émotions de base que sont la tristesse, la colère, la joie et la peur. Pour entrer dans la subtilité de ces émotions, je leur propose les jeux suivants :
Je divise le groupe en deux. Un groupe regarde et l’autre est regardé. Le groupe regardé se met en ligne, et doit faire évoluer une émotion (par exemple la joie) de son expression la plus mesurée (le stade 1) à son stade le plus extrême (le stade 11). Nous jouons avec cette règle de base, en accélérant le rythme, ou en ajoutant des phrases très simples à dire avec l’émotion donnée.
Par la suite je distribue à chaque élève un papier sur laquelle il y a une émotion et un numéro. Chaque numéro correspond à différents stades d’émotion (de 1 à 5). Je leur propose de travailler l’écart entre l’émotion qu’on exprime et les mots que l’on propose. C’est un exercice difficile, mais assez ludique. Nous discutons de cet écart et de la complexité qu’il y a à exécuter cette double consigne. 

2- Les improvisations. Cet exercice de théâtre est un monde en soi. Mon objectif vis à vis des improvisations est de leur permettre de s’exprimer librement sur scène, ce dans quoi ils.elles se jettent plutôt librement, mais de façon cadrée, afin qu’ils.elles ne se perdent pas dans leurs propositions scéniques, et que ces mêmes propositions soient digestes pour le public. 

Je leur propose plusieurs exercices :
- LES ENTRÉES FABULEUSES : les un.e.s après les autres, chaque élève prend le temps d’entrer sur scène, salue le public, et ressort. Petit à petit nous accélérons l’exercice (les élèves sont en ligne les un.e.s derrière les autres, et doivent « entrer » le plus rapidement possible), et ajoutons la palette d’émotions travaillée précédemment. 

- CHORALITÉ : entrer en même temps, inspirer ensemble, dire une phrase d’un seule voix, sortir ensemble. Je leur propose de rentrer d’abord seul.e, puis à 5, à 11, et enfin à 22. 

- UNE HISTOIRE VRAIE/FAUSSE : par groupe de cinq personnes, chaque élève raconte une histoire qui lui est vraiment arrivée, et une qui est parfaitement fausse. Chaque élève commence quand il.elle veut.

- UNE HISTOIRE COLLECTIVE PARFAITEMENT FAUSSE : un groupe de cinq personnes a vécu la même chose, se met d’accord là dessus, et le raconte aux autres comme si c’était vraiment arrivé. 

3- Une méthode de retour : Le principe est de donner des outils aux élèves lorsqu’ils.elles sont en situation de spectateur.ice.s face à ce que présente un autre groupe d’élèves. Pour se faire j’emploie des outils issus de la Feedback Method de l’école DASArts à Amsterdam. Ce sont des outils très simples et ludiques, qui permettent de formuler des retours de manière à ce qu’ils soient utiles et positifs pour les personnes qui ont joué sur scène. J’en utilise particulièrement deux, qui consiste à faire des retours en employant les formulations suivantes : « ce qui a fonctionné pour moi c’est... » et « en tant que spectateur.ice.s, j’ai besoin... ».