Photo prise lors de la récréation du matin, dans la salle où j'anime les ateliers.

Février - Premiers pas dans la photographie, le thème du Portrait, logement à Poitiers et des appareils jetables !

Publié par Pierre-Philippe Toufektchan

Photographie Sociologie Documentaire

Premier "vrai" mois d'interventions à l'école François Albert d'Adriers, suite à la toute première journée de rencontre et d'observation, qui eut lieu le 17 janvier 2020.

Les 4 journées d'ateliers en classe m'ont permis d'aborder et d'introduire le médium photographique avec la classe en théorie et en pratique. J'ai pu me présenter ainsi que parler de mon projet de photos de familles, nous avons abordé le thème du portrait, j'ai trouvé un logement à Poitiers ainsi qu'une piste sur place et le mois s'est terminé avec une production de la part des enfants, appareils photo jetables en main et juste avant les vacances d'hiver.

J'écris ce journal au début du mois de mars, après la rentrée scolaire à Adriers.

La première journée n'a pas vraiment eu lieu en février, mais le 30 janvier 2020.

Par la suite, je suis intervenu en classe 3 jours en février (1 jour par semaine finalement). Si on compte le 30 janvier, j'ai donc pu venir en classe 4 jours depuis le début de ma résidence. Puis, il y a eu les 14 jours de vacances. Je m'attarde sur ces notions de calendrier et de journées, car cela fut le premier paramètre à régler et clarifier avec l'enseignante, Caroline. La classe a un programme et un emploi du temps plutôt serré et si je souhaite participer au rythme de la classe, je dois communiquer un premier planning de mes ateliers avec Caroline.

Par la suite, nous nous sommes mis d'accord sur une fréquence d'intervention (1 fois par semaine, quelques fois 2) et des ateliers en demi-classe la plupart du temps (les CM le matin et les CE l'après-midi) pour permettre à Caroline de donner ses cours, même si je suis en atelier avec un groupe. Il fallait s'adapter de chaque côté et ce fut finalement la logistique adoptée... et ça marchait très bien !

Vers la fin du mois de janvier, avant mon premier jour d'intervention en classe, j'ai trouvé à me loger chez une amie, ex-camarade étudiante de l'école d'art de Poitiers qui vit toujours là-bas près de la gare SNCF. 

Je prends chaque jour un train à 5h30 du matin pour rejoindre Montmorillon où Amandine, la directrice de l'école, me récupère en voiture pour m'emmener à l'école. Ces voyages me permettent aussi de continuer à chercher un logement sur place, à Adriers (il va y avoir du nouveau vers fin février).

Montmorillon et Adriers, en matinée.

Le 30 janvier 2020

Je propose un atelier sous forme de discussion pour cette première journée. Du moins, au départ. Je suis avec la classe entière, Caroline est présente et reste en observatrice. En plus, j'installe un vidéo-proj' avec de quoi diffuser du son. Je me présente et je parle de mon métier : celui d'artiste. Je prends l'habitude de terminer mes phrases par des questions, pour lancer un échange et ne pas laisser les enfants dans une attitude trop passive, malgré ma présence. Je leur demande s'ils savent ce qu'est un artiste. Qu'est-ce qu'un photographe ? S'ils font de la photo ou même du dessin, de la peinture ou encore de l'écriture. La plupart du temps, j'illustre mes propos en écrivant des mots-clés au tableau. Cela reste plutôt théorique jusqu'à ce que je dessine mon autoportrait. L'attention change et je remarque que ça créé du rythme. Ils s'y retrouvent. On passe donc à une activité d'illustration où chacun doit dessiner son autoportrait, à sa manière. Les seules consignes sont d'y inscrire son prénom et de marquer quelques mots qui peuvent donner des indices sur leurs intérêts, leur âge ou autre. C'est aussi une astuce pour que je puisse plus facilement retenir leurs prénoms (chaque fois que je ferai une activité de la sorte, je récupérerai les productions des élèves pour les archiver, tout en les restituant par la suite). L'atelier se poursuit devant le projecteur, où je diffuse des extraits d'anciens projets de films et des projets photo. Beaucoup de questions sur la méthode de fabrication d'un film, d'une histoire ou d'un portrait. Des échanges assez libres et intéressants occupent cette dernière partie de l'atelier. Je conclus la journée en parlant de mon projet et du but de la résidence. Les enfants seront au centre du projet, avec leur famille. Je ne vais pas non plus trop dans les détails. Je réserve les explications à un prochain jour.

Quelques autoportraits des élèves, lors du premier atelier.

Le second atelier arrive. Je travaille désormais en demi-classe : les CM le matin et les CE l'après-midi. Aujourd'hui, nous allons parler du médium photograhique, via une présentation d'artistes et de type de photographies. Je leur distribue un bref document qui expose quelques bases techniques de la photographie : genre de photos (portrait, paysage, documentaire ou sport), axe (face, dos, profil), échelle (la notion de plan) ou encore l'angle (à niveau, plongée ou en contre). C'est sûr que la technique peut paraître dense et un peu confuse pour des élèves de primaires. J'ai donc couplé ce document à des projections d'images et d'exemples. Des photographies expressives pour garder leur attention et susciter leur intérêt à participer. Ils cherchent et lèvent le doigt quand la photo d'une maman panda dans une forêt se décrit comme "une photo documentaire, de face et en plan large", par exemple. À l'issue de cet exercice, j'étais surpris de leur capacité à retenir et à analyser des images, tout en comprenant la plupart du vocabulaire (il n'y a que les notions d'angle, de plongée et de contre qui étaient un peu confuses...). Pour approfondir ces notions, j'ai distribué des tablettes (type iPad) au groupe et ils se sont mis en binômes pour pratiquer. Je demandais d'écrire 3 types de photographies à faire sur un papier (Par exemple : face, gros plan et à niveau). Évidemment, j'ai dû recadrer certains groupes qui pensaient être en récréation, mais globalement l'activité a pu porter ses fruits. J'ai terminé l'atelier en demandant à la classe de récapituler la journée et un(e) "script(e)" a été désigné pour prendre des notes. Ce poste tournera à chaque intervention et au début de chaque prochain atelier, il y aura un résumé du précédent.

Le mois de février avance et je profite d'une journée de libre pour aller à Adriers. Je ne vais pas intervenir avec la classe de Caroline aujourd'hui... mais chez les plus petits, la classe d'Amandine, de la petite section de maternelle au CP. Je passe la journée avec eux, mais je n'engage pas vraiment de démarche d'atelier. J'assiste Amandine et Lætitia (seconde enseignante des petits). L'après-midi, je reste avec les CP et les grandes sections pour faire des photos au Polaroid. Cet outil paraît presque magique pour eux et les instantanés sont récupérés par Amandine en fin de journée. L'idée était de partager, le temps d'une journée, avec les plus jeunes, l'outil photographique, pour inclure les plus petits au projet des plus grands.

Nouvel atelier avec les CM et les CE, toujours en demi-classe. Cette fois-ci, je viens avec du matériel : mon appareil photo polaroid, un appareil 35mm classique, un appareil numérique et un appareil moyen-format argentique. En bonus, j'ai amené un appareil photo jetable. En introduction, je parle de mon projet de portraits de famille et un long échange s'engage. Ils me posent beaucoup de questions, surtout lorsqu'ils comprennent qu'eux et leurs familles en seront les sujets. Après ces discussions, on retourne à la pratique et aux appareils photo. Ils sont disposés sur une table, au centre de la salle et les enfants viennent les observer et les manipuler. Au centre, je montre le fonctionnement de chaque appareil, toujours en posant des questions au groupe. Beaucoup savaient utiliser et connaissaient le fonctionnement du polaroid, mais l'effet de surprise et d'excitation que provoque l'image instantanée reste intact. Les appareils argentiques sont bien plus mystérieux pour le groupe ! Je montre le fonctionnement et je charge même un appareil en direct. Enfin, le jetable est reconnu par la plupart. Son fonctionnement basique, il est rapidement testé par certains. Pour continuer, je demande au groupe de faire un petit travail d'écriture. Ils ont comme consigne d'écrire un court texte sur eux. Sur les choses qu'ils aiment faire en dehors de l'école, quand ils rentrent à la maison. Quel est le rythme adopté pour la fin de journée et qu'est ce qu'il se passe avec leur famille une fois l'école terminée ? Ce travail rejoint mon projet personnel et démarre ainsi une forme de collaboration entre les enfants et moi. En parallèle de cet exercice d'écriture, je désigne des binômes et nous faisons des photographies ensemble : des portraits en noir & blanc au 35mm, en couleur au moyen format et quelques polaroids. L'atelier est plutôt fluide et je divise mon attention entre les groupes de prises de vues et le travail écrit. Enfin, lorsque la pratique et les écrits sont terminés, j'explique à la classe que je vais devoir développer les photos et que je les montrerai la prochaine fois.

Pour conclure, je propose aux élèves un petit "devoir maison" : je distribue un appareil jetable à chacun et je leur demande de faire des photos chez eux, après l'école. Nous sommes lundi. Je récupère les jetables vendredi, juste avant les vacances. Ils ont toute la semaine pour faire 27 photographies. Ils peuvent prendre en photo leur chambre, leur chien, chat, leur jardin ou leur jouet, ainsi que leurs parents et/ou frères et sœurs, s'ils sont d'accord. Après quelques informations techniques (comme l'utilisation du flash ou la protection de la pellicule par rapport à la lumière), ils écrivent une "lettre" individuelle pour leurs familles. Cette lettre a pour but d'introduire le projet et l'utilisation du jetable à la maison. Je les guide pour l'écriture de la lettre, mais chacun rédige à sa manière. Fin de l'atelier, ils repartent tous avec leur appareil, et avec une certaine impatience de prendre pleins de photos.

Photos d'élèves par des élèves - Atelier photo avec plusieurs appareils

21 février, 4e atelier.

Les enfants sont plus agités qu'avant. En effet, dans quelques heures, ils sont en vacances ! Dans un premier temps, je récupère les appareils jetables et demande quelques retour d'expériences : certains ont eu des difficultés, dont un appareil oublié une nuit dehors, sous la pluie, d'autres se sont amusés et on réussi à prendre leur famille en photo, etc.

Je range les 20 appareils dans mon sac après avoir demandé aux enfants de noter leur prénom sur le carton du jetable. Pendant les vacances scolaires, je vais tous les développer et numériser les images pour présenter les séries de photos à la classe lors de l'atelier de la rentrée. 15 jours d'attente pour voir les images qu'ils ont réalisées... Je suis tout aussi curieux qu'eux ! Ensuite, je distribue des autorisations de captation (droit à l'image) à faire signer pendant les vacances : l'une concerne mon projet personnel (portrait de famille), l'autre les images captées durant les ateliers (pour diffusion web ou autre). J'accompagne ces autorisations d'un dossier de présentation à destination des parents. Le but étant de rencontrer les parents par la suite, au mois de mars, pour engager les prises de vues et donc ma production.

Ce dernier atelier se poursuit autour de l'illustration. Les enfants dessinent des portraits de famille et écrivent un texte qui décrit les membres qui l'a compose. En parallèle, j'ouvre une discussion avec le groupe autour de leur vie de famille, des métiers de leurs parents ou de la relation qu'ils ont avec eux. Enfin, comme c'est une journée assez joyeuse (les vacances approchent), les enfants profitent d'une longue récréation et on fait même des photos de groupe dehors. La journée se termine et tout le monde se souhaite des bonnes vacances. Je repars vers Roanne, dans la Loire pour une dizaine de jours. Je vais y développer les images des jetables et engager mes tests techniques pour ma future production. Je retourne à Adriers dès le 12 mars pour continuer les temps de transmission.

Petite surprise de fin de mois : j'apprends que la salle commune "La Maisonnée" d'Adriers (lieu de rencontre, d'expo et de réunions d'associations) située juste en face de l'école, possède une chambre libre pour m'accueillir. Je n'ai qu'à prévenir lorsque je souhaite venir et gracieusement. C'est une nouvelle plus que bienvenue ! Je possède désormais et grâce à l'aide précieuse d'Amandine, la directrice de l'école, d'un pied-à-terre à Adriers, indispensable pour mener à bien mes portraits de famille. Le mois de février se termine tranquillement et sereinement.

Rendez-vous en mars !