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Les Villes Imaginaires - Janvier

Publié par Marion Lacas

Journal du projet

Où l'on découvre qu'un groupe d'enfants habitent des cabanes troglodytes à la cime des arbres, que des lampadaires en sucre phosphorescents guident des montagnards dans le brouillard, que le meilleur des hamburgers est servi dans le restaurant de la station spatiale Maraka 3000...

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Mardi, il est neuf heures moins le quart, la classe se remplie tranquillement, chacun vaque à ses occupations, ici on colle un mot dans son cahier, là on termine une partie de dames chinoises commencée la veille, quelques chuchotements interrogatifs nous parviennent alors que nous installons le projecteur : « C'est les artistes tu crois ? ». Ça y est c'est l'heure, chacun regagne sa place et nous levons rapidement le mystère...

Nous présentons le projet dans ses grandes lignes, la façon dont nous imaginons procéder à la fabrication collective d’une maquette, celle d’une ville régie par le jeu. Les questions fusent, quelle taille, quel jeu, quelle ville, vous restez combien de temps...?

Parce qu'il est difficile de se représenter le terme d'utopie ou encore celui de programme nous leur proposons de regarder ensemble différentes représentations de villes fictionnelles, d'utopies architecturales, de constructions énigmatiques. Nous croisons ainsi les inventions farfelues de Buckminster Fuller qui, préoccupé par le dérèglement climatique, proposait dans les années 1960 de recouvrir Manhattan d'une bulle de verre maintenue à température agréable ou encore le rêve radical d'Ettore Sottsass qui imagine un monde sans travail d'où les grandes agglomérations auraient disparues et où l'on vivrait dans une architecture vagabonde dédié à la contemplation des étoiles, à l’observation des oiseaux de paradis, à l’écoute de musique tout en dérivant sur un fleuve...
A partir de là tout le monde y va de son hypothèse : « On pourrait imaginer une ville sous terre comme des galeries de taupes, une ville à l'envers où l'on vivrait la tête en bas, une ville dans un journal avec des immeubles en papier plié... ». La machine est lancée, nous sortons alors notre parquet de cartes confectionnées pour l'occasion.

Le jeu du jour consiste à composer un environnement habité à partir d’éléments contradictoires. Pour cela on tire au hasard une série de 6 cartes nous donnant des indices quant au lieu d'implantation, au type de climat qu'il y règne, aux personnages qui y vivent, aux formes construites qu'on y trouve, au matériau utilisé, à l'activité qu'on peut y mener... Par petits groupes les négociations commencent, certains dessinent à plusieurs mains d’autres proposent différentes versions de la même série de contraintes. A l'issue de l'atelier tout un panorama de destinations étranges se présentent devant nous, fruits de la rencontre fortuite entre le pôle nord et une salle de concert, entre une station spatiale et un chef étoilé, entre la pluie et le désert...

Je suis retombée il y a quelques jours sur ces lignes de Georges Perec dans le recueil posthume Penser / Classer, Ed. Seuil, (1985) 2003 : « Toutes les utopies sont déprimantes parce qu'elles ne laissent pas de place au hasard, à la différence, aux divers. Tout à été mis en ordre et l'ordre règne. Derrière toute utopie, il y a toujours un grand dessein taxinomique : une place pour chaque chose et chaque chose à sa place »

Voilà donc un brin de hasard et un soupçon de désordre...

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Le Jeu des Contraintes Volontaires : 6 familles de cartes (lieu-climat-forme-fonction-matière-personnage) contenant chacune 6 occurrences servent de point de départ à l'invention d'une ville utopique, les participants tirent au sort 6 contraintes qu'ils devront faire cohabiter dans un espace de leur invention.
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Sur les ardoises les premières fantaisies architecturales se dessinent.

" Papa, Maman,  cela va faire deux ans que je suis parti en montagne. Je crois bien que je vais emménager dans cette ville. Les maisons sont faites en bonbons et elles sont toutes penchées. On y dort dans des hamacs en scoubidou. Je reviendrais vous voir de temps en temps. Bisous. Jules "