Dans la cour de récréation, les enfants me semblent interagir avec un monde d'absences.
Chloé et Andrea, passionnées d'équitation, exécutent des gestes mystérieux avec une minutie poétique. ElleS semblent danser avec l'air, tissant des fils que je parviens petit à petit à imaginer. En fait, elles s'entraînent à attacher le licol, un équipement essentiel pour les chevaux, pour le jour où elles en auront un à elles. Luka et Gabin, eux, attaquent un monstre venu conquérir le village il y a mille ans.
Nous décidons de déplacer cette matière transparente dans le cadre de notre écriture, et de les retravailler afin d'en faire une scène. Chaque geste est soigneusement étudié et répété, les mouvements devenant plus précis, presque chorégraphiés. Quand elles la dévoilent aux autres, iels sont séduits par leur pantomime, et le silence, l'absence, le vide, qui lui est accordé. Leurs mouvements évoquent des histoires silencieuses, et l'absence de paroles permet à chacun.e d'y projeter ses propres rêves .