Tout vivant est une chimère est une retranscription graphique et sensible d’un espace naturel.
Ce projet est une invitation à explorer son environnement proche en s’attachant à ce qui fait le paysage. Lors de promenades, les artistes et élèves aiguisent leurs regards, glanent des trésors, capturent des éléments grâce à l’outil photographique et au microscope. Iels ouvrent aussi grand leurs oreilles pour écouter l’invisible et le saisissent par la prise de son. La collecte de ces fragments visuels et sonores permet de créer des motifs et textures graphiques inspirés du vivant.
De cette phase d’investigation naissent ensuite des objets en volume, hybrides, fantastiques et manipulables. Ils sont le signe de la métamorphose et du changement comme une ode à la nature en mouvement.
Les enfants sont amenés à suivre les artistes durant leur processus de recherche et de création. Lors d’une exposition, les objets de Caroline Gauthier et Manon Galvier s'associent aux productions des enfants.
Ce projet fédère les pratiques artistiques des deux artistes. Ces dernières cherchent à tisser des liens avec ce qui les entoure en passant par l’expérience d’un lieu. En arpentant un espace naturel et en l’observant minutieusement, elles se rendent perméables à ce qui y vit et tentent d’en dessiner les contours.
Lors de cette résidence, elles souhaitent expérimenter un glissement vers l’objet en volume en déployant dans l’espace les formes graphiques qu’elles auront pu produire.
Graphistes et illustratrices, elles travaillent sur des problématiques communes mais vivent dans différents territoires (Marseille et Strasbourg). Ce moment de résidence leur crée un espace commun pour travailler à quatre mains sur des formes en bois ou en papiers recyclés, matériaux récupérés autour du lieu de production.
Toutes deux attachent beaucoup d’importance à la transmission et à l’expérience collective. Elles travaillent avec le jeune public de manière régulière et cela fait partie intégrante de leur travail artistique. Ainsi elles partagent avec les enfants l’investigation d’un espace ainsi que leur méthodologie de création.
Développer ce projet à Riom-ès-Montagnes, petite commune rurale, facilite l'accès aux espaces naturels proches. L'idée étant de pouvoir réaliser plusieurs sorties et que les enfants puissent par la suite emmener leurs familles à (re)découvrir ces lieux.
En relation avec l'époque et ses enjeux écologiques, leur recherche est une manière de se questionner face au changement climatique, à la perte de différentes espèces et à notre positionnement d’humain parmi les vivants.
Pendant la phase d'investigation du projet, elles interrogent leurs présupposés et ceux des enfants quant-à ce qu'iels peuvent découvrir aux portes de leur commune et les confrontent lors de sorties à ce qu'iels peuvent glaner : des formes, des sons mais aussi un grand nombre de sensations.
De retour à l'école, iels font un inventaire de ce qui a été collecté et cherchent des manières de représenter ces lieux à travers ces fragments. Iels mettent au point des motifs, des textures, observent à la loupe binoculaire des éléments naturels et les reproduisent en grand. Les enfants expérimentent aussi la production de sons à partir de végétaux pour composer une bande son à exploiter par la suite.
Les artistes expérimentent de leurs côté la fabrication de feuilles de papier recyclé où elles incorporent certains végétaux glanés. Elles cherchent à tinter cette matière dans la masse puis la travaille par la découpe et l'assemblage en partageant la démarche d'inventaire des enfants. Cette démarche autour du papier et du collage s’inscrit dans les pratiques des artistes. Elles viennent nourrir leur travail d’illustration, se fixent des contraintes matérielles et des possibilités de sortir de la surface plane souvent induite par l’objet imprimé dont elles sont coutumières.
Les artistes abordent la notion de chimère comme une synthèse du vivant. Un combiné de plusieurs stades de vie d'une plante ou d'un animal. Cela peut explorer plusieurs formes : du dessin naturaliste scientifique de Maria Sybilla Merian à la dimension merveilleuse des collages d'Amy Ross. L'envie est d'emmener le groupe à articuler différents stades de vie d'un individu dans une création et à imaginer de nouvelles relations entre les espèces.
Durant la phase de réalisation des chimères, les enfants sont amenés à mettre bout à bout les formes issues de leurs recherches pour imaginer des créatures imaginaires habiteraient, veilleraient ou incarneraient l’esprit des différents espaces naturels visités. L'idée est d'utiliser du bois découpé en modules pour créer des associations surprenantes aux multiples possibilités d'assemblages.
Ces volumes peuvent être articulés pour pouvoir faire bouger les chimères comme de grandes marionnettes. Ces différentes créatures seront activées lors d'une exposition rassemblant le travail des enfants et des artistes. Cohabitent alors les recherches plastiques et sonores de la classe, les chimères articulées manipulées par les enfants de même que les collages et créations chimériques en papier des artistes.
Ainsi l'ambition de Tout vivant est une chimère est de mettre en lumière l’impermanence d'espaces naturels et de représenter l'esprit d’un lieu.
Par le(s) artiste(s)