Ce projet est une installation artistique composée de différents éléments, assemblés ensembles pour former une pièce unique. Elle serait accompagnée par une édition papier ainsi que par un film, tout deux relatant et contextualisant l'expérience. Le principe générale vise à réaliser des objets expérimentaux, entre le design et la sculpture, dessinés en collaboration avec les enfants. Les pièces dessinées seraient produite en « double » puis altérés par les élèves, proposant ainsi une appropriation directe des objets. La moitiés de ces pièces seraient rassemblés dans une installation, tandis que la seconde moitié serait envoyé aux autres écoles participant au programme de résidence. Les photographies de ces pièces absentes viendraient compléter l'exposition, se plaçant en « jumeau » immatériel. Se plaçant entre les champs de l'art, du design et de l'artisanat, ce projet verrait sa réalisation en trois étapes successives, chacune questionnant le notion de transmission : Trans-mission: La transmission comme acte de partage et d' investissement sur le futur.. Un devoir social, une « mission ». On nous a transmit, alors nous transmettrons, dans l'optique d'un futur commun. Cette étape représenterait mon travail au sein de l'établissement Trans-formation : La transmission ne peut fondamentalement pas être une duplication à l'identique. Tous, nous modifions un savoir, nous nous l'approprions. Cette étape vise à permettre aux enfants de prendre possession de mon travail pour se l'approprier et le modifier. Une autre manière de parler de la transmission Trans-fiction : Le travail de réflexion, le dialogue avec les élèves et les artisans serait générateur de récit ( littéralement « action de raconter une chose »), se posant comme un pendant immatérielle à l'oeuvre finale réalisé, elle, matérielle. Une étape importante de la transmission, proche de l'archivage, de la conservation de la mémoire.
Qu'est-ce que la transmission? Quelle(s) forme(s) lui donner ?
C'est la question que j'aimerai poser aux élèves à travers trois notions, trois étapes de parcours.
Trans-mission:
Mettre - du latin mittere, signifiant envoyer (1) - c'est « ajouter », « faire occuper par quelqu'un ou quelque chose un endroit déterminé ». Par extension,mettre, c'est aussi « mêler quelque-chose à une autre chose » ainsi que « ajouter quelque chose, une partie qui manque »
C'est un synonyme de poser, placer. En accolant le préfixe trans - signifiant « au-delà » - l'action prend un sens nouveau. Transmettre, c'est alors « faire passer ». « Faire passer ce que l'on possède en la possession d'un autre » voir « transporté d'un lieu à un autre ».
La transmission c'est aussi un investissement, et parfois un pari, sur le futur. On transmet – des objets et des idées - en espérant une perpétuation. Cela devient alors un devoir social, une « mission ». On nous a transmit, alors nous transmettrons, dans l'optique d'un futur commun.
Trans-formation :
La transmission possède un paradoxe interne qui est dû à la singularité des individus. Elle cherche à conserver – des objets, des idées, des volontés – mais ne peut fondamentalement pas être une duplication à l'identique. Tous, nous modifions un savoir, nous nous l'approprions, en fonction de notre sensibilité et de nos aspirations. C'est peut-être là que réside le « trans » de transmettre. La transmission est une appropriation et une transformation.
Trans-fiction :
Il s'agit de penser cette résidence, son processus et son résultat à travers cette dualité de la conservation et de la modification. Par conséquent, on ne peut imaginer une production physique, matériel (le mettre, l'idée originelle) sans son pendant immatériel ( le trans de transmettre, l'idée appropriée). Cette production immatérielle, je l'entrevois comme un temps d'échanges et de discussions entre les élèves, les artisans et l'artiste résident.
Je souhaite inscrire mon projet à travers ces trois étapes - trans-mission, trans-formation et trans-fiction – comme un processus de questionnement de la transmission. Pourquoi transmettre et comment? Surtout, quelle(s) forme(s) prendrait cette réflexion au sein d'une école, lieu de transmission du savoir par excellence?
Pour donner corps à cette idée, j'ai choisi le pliage. C'est une technique que j'explore depuis quelques année déjà, depuis mon Diplôme National d'Arts Plastiques en 2011, et qui à été le centre de la réflexion de mon Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique en 2014. Son esthétique me correspond et les processus infinis qu'il met en place ne cessent de me fasciner.
Mais c'est aussi une technique ancestrale, millénaire, reconnue rapidement pour ses qualités pédagogiques(2) . A la manière du dessin, c'est une technique innée pour les enfants, instantané dans sa réalisation et nécessitant que peu de moyens pour sa mise en forme, pour obtenir des résultats intéressants, jouant avec les perceptions.
Il se trouve ainsi à la portée des enfants, même les plus jeunes, créant surprise et émerveillement
Dans cet univers singulier du pliage, je souhaite centrer ma recherche principalement sur un artisanat textile : le plissage. Mon travail récent de recherche m'ayant déjà permis de me poser cette question de la transmission par rapport à cet artisanat. Étant donné qu'il n'existe plus de formation pour devenir artisan plisseur, que le métier disparaît économiquement – et donc artistiquement – comment transmettre ce savoir faire? Faut-il admettre sa disparition? Au contraire forcer son innovation?
Cette résidence sera l'occasion de poser cette question aux élèves en me plaçant comme un lien entre l'artisanat, l'appropriation que j'en ai faite et la singularité des élèves ( ce que l'on va leur transmettre, et ce qu'ils transformerons en retour). De la même manière que je transforme, dans ma pratique, mon rapport avec l'artisanat, comment l'enfant peut-il, lui aussi, faire de même?
La restitution finale se situera entre une installation artistique, une création artisanale et une recherche design. Je co-dessinerai, avec les enfants, des objets inspirés du pliage et des artisanats associés ( plissage textile, pliage céramique issus de mes recherches, pliages papier plus traditionnels) . Les objets seront produit puis transformés par les enfants à travers une intervention plastique de leur part. Cette étape visant à représenter l'appropriation de l'œuvre par les élèves.
La totalité des pièces seront ensuite rassemblé former une grande installation, accompagnée par une édition relative au projet ainsi qu'un reportage vidéo contextualisant l'ensemble.
Cette dernière étape, celle de la « trans-fiction » prendra plusieurs formes :
Une exposition de l'œuvre.
Une édition traitant de cette question de la transmission et restituant les réflexions des élèves, des artisans et de l'artiste.
Une déstructuration de l'œuvre, séparée de la moitié de ses composants. Ces éléments étant envoyés aux autres écoles participants au programme.
En effet, malgré la volonté d'ouverture du programme de résidences, ces interventions seront très - voir trop – spécifiques et ciblés selon moi ?. Affectant seulement une classe, un établissement, une ville peut-être, un département au mieux. Comment, dès lors, l'inscrire dans une portée nationale, dans une vision globale, et aller « au-delà »? En proposant aux élèves de « transmettre » ( ici, littéralement « Faire passer ce que l'on possède en la possession d'un autre ») et de partager leur expérience de la résidence. Le but serait ainsi de boucler l'expérience de la transmission. Les élèves choisiront eux-même les objets et les écoles vers lesquelles les parties de l'oeuvre seront envoyés. Cette action contextualisera de manière simple les questions qui auront accompagnés la résidence, telles que pourquoi transmettre ? Que transmettre ? Et comment transmettre?
De la même manière, les objets reçus permettront aux écoles destinataires de reposer ces mêmes questions à leurs élèves avec un exemple concret.
(1) : Toutes les définitions proviennent du dictionnaire le Littré en ligne, littre.org
(2) : On peut notamment citer le travail du précurseur Friedrich Fröbel ( 1782 – 1852) qui avait développé la pratique du pliage ayant réalisé que celui-ci pouvais aider à développer les aptitudes moteurs des enfants. Ces études furent reprisent par le système éducatif japonais dans les années 1850, se positionnant alors à la base de l'éducation des mathématiques par le pliage.
Haute-Vienne
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