Carte de la Tramtarie, dessin préparatoire collectif

Entrer au pays imaginaire

Publié par Tereza Lochmann

Journal du projet
Arts plastiques Arts visuels Urbanisme Gravure, Dessin, Multiples expérimentaux, Monotype, Peinture

En abordant la thématique du pays imaginaire, je découvre comment conduire les enfants à déborder des contours du monde réel. Encouragés à laisser libre cours à leur imagination, je leur propose des exercices artistiques et des jeux simples, pour inventer des nouvelles formes, pour trouver des idées éloignées de toute convention ou stéréotype. 

Par le «  cadavre exquis  », on invente d'abord les habitants de la Tramtarie, notre pays imaginaire. Le hasard et la surprise deviennent principes de création. La nécessité de la collaboration, également. Par nature, le jeu n'est possible qu'à plusieurs, et la qualité esthétique du dessin qui en résulte provient d'un mélange d'idées et de styles.

Le jeu est ensuite adapté pour dessiner les maisons pour nos habitants. Le premier élève commence par le toit, le deuxième, sans regarder le dessin du précédent, rajoute la façade avec les étages et le troisième termine par le rez-de-chaussée et l’entrée. Pareil procédé pour inventer la végétation de notre pays. Pour ouvrir les possibilités créatives du "surréel" et du "merveilleux", je partage aux élèves quelques planches du Codex Seraphinianus autant que l’architecture utopique et de papier des artistes russes Brodsky et Utkin. Un exercice écrit poursuit nos réflexions, chacun complète les phrases «  Je rêve que j’habite dans un pays où...  » et «  Je suis allé (e) en Tramtarie et j’ai vu...  », etc.

Ensuite, je propose aux élèves de créer la première carte de notre pays de façon collective et en grand format, afin également d'alimenter le projet tout au long de la résidence. Ce travail collectif par étape m’amène à imaginer d'autres méthodes de travail et de création, et d'adopter une certaine souplesse. Chaque groupe d’enfants reçoit des consignes spécifiques et fait évoluer le processus de création entamé par le groupe précédent.

Pour aborder la cartographie, j'évoque avec eux la vue aérienne. Pour expérimenter cette sensation par le corps, chaque élève du premier groupe s'est allongé sur une feuille du papier de 300 x 120 cm environ. Les autres élèves, debout, tracent le contour de leurs corps. Cette action se révèle très amusante et parlante pour les enfants et bientôt ils alternent spontanément entre eux, l'observateur-dessinateur et le modèle. Les lignes, que forment les contours des corps, apparaissent en superposition. 

Séance collective d'observation du dessin produit : les contours des corps se transforment en côtes d'îles et de continents. Sous nos yeux, nous découvrons désormais un territoire inconnu qu’il faut développer et compléter. Les élèves commencent à inventer les noms des villes et des régions - souvent il s'agit d'anagrammes de noms de pays et villes réels. D'autres groupes ajoutent progressivement des montagnes, des lacs, des champs, des volcans et d’autres phénomènes naturels, aussi bien qu’imaginaires, comme la «  ceinture du temps  ». Nous utilisons la technique du frottage et du collage à partir de cartes récupérées, pour créer une richesse de textures. Au fur et à mesure, les villes et diverses appellations des lieux apparaissent sur la carte. Enfin, la mer vient entourer notre pays pour mettre en relief la forme de cette première représentation du pays imaginaire.

Carte de la Tramtarie : premier jet, photos du processus