Carnets de recherche des CM1 à Sainte-Foy

Une extraterrestre à Sainte-Foy

Publié par Tereza Lochmann

Journal du projet
Arts plastiques Arts visuels Urbanisme Gravure, Dessin, Multiples expérimentaux, Monotype, Peinture

Premières explorations du territoire et rencontres avec les petits et les grands citoyens de Sainte-Foy-La-Grande rejoignent la proposition de créer un pays imaginaire, dit la « Tramtarie ».

Sainte-Foy-La-Grande est une ville de 2500 habitants à la limite de la Gironde et la Dordogne, les deux départements étant séparés par le fleuve Dordogne. Elle est entourée des vignes qui sont, en ce temps de janvier, sans feuilles, endormies, voilées par la brume. La population de la ville est constituée d’une grande partie de familles arrivées de l’Afrique du Nord, notamment du Sahara occidental. L’école publique Paul Bert se trouve près de la place du « forail » où habite la majorité des élèves. Je rentre à l’école pour la première fois un vendredi matin ; le maître Romain ouvre le portail aux élèves attendant patiemment dans la fraîcheur matinale.

Ce jour-là, je suis accueillie par la classe des élèves allophones de maître Romain. Je me présente comme une nouvelle arrivée. Je viens de loin, plus loin que Paris, mais d’un autre pays. Originaire d’une ville en Europe centrale, inconnue et mystérieuse pour les élèves, mon accent et mon physique attire l’attention des enfants. Je me sens comme une extraterrestre bien accueillie et j’accepte volontiers ce nouveau rôle. Nous jouons les petits jeux et finissons par dessiner des drapeaux de pays existants et imaginaires pour nous imprégner de notre future thématique.

Une première rencontre avec la classe de CM1, qui m’a été confiée, m’attend dans l’après-midi. 

La classe de double niveau de maître Thomas est composée des élèves en CM1 et CM2. Le projet est prévu pour les CM1, en compagnie des élèves de CM1 d’une autre classe double niveau, celle de la maîtresse Vanessa. Je commence par une présentation de mon projet accompagné par une projection des images de référence. 

Pour évoquer le thème d’un pays imaginaire, j’explique une notion qui vient de l’imagerie populaire tchèque. En effet, pour désigner un pays très éloigné, voire inexistant, mystérieux, dans lequel tout est possible, on utilise le nom « Tramtarie ». Nous pouvons par exemple dire : « Tu vas voyager jusqu’à Tramtarie  ! » « De quelle Tramtarie tu viens  ? » ou « ceci est possible seulement en Tramtarie ! », etc. Au début, les enfants restent dans le réel en évoquant les différents pays qu’ils connaissent. Arrive le moment où une fille propose l’idée d’un «Pays des bonbons». À ce moment-là, je sais que nous sommes sur le bon chemin. Pour pouvoir dépasser la limite entre le réel et l’imaginaire, il faut d’abord savoir le définir.

 

Afin de pouvoir commencer nos explorations en dessin et en écriture, je fais un petit cours de la reliure. À l’issue de cette étape, chaque élève dispose d’un carnet fabriqué par ses propres soins, avec mon assistance. Les carnets sont personnalisés, chacun choisit un papier couleur pour la couverture, qu’il décore ensuite en collage des vieilles cartes découpées, il rajoute son prénom et éventuellement un dessin. Ce carnet accompagnera les élèves tout au long du projet, surtout pendant la période de mon absence. Il servira comme un réservoir d’idées à réaliser plus tard et en plus grande échelle en gravure. 

 

Le lendemain, nous faisons une sortie aux alentours de l’école. Je demande aux enfants de me montrer leur ville en passant par leurs endroits préférés. Nous partons en trois groupes, dans les directions différentes, guidées par les enfants. Chaque groupe s’arrête à un endroit qui lui semble intéressant pour faire un dessin d’observation directement dans la rue, en plein air. Après le retour à l’école, il faut reconstruire le trajet en dessinant une carte, chacun dessine individuellement dans son carnet.

Pendant la récréation, j’accueille deux garçons qui ont toqué à la porte de la bibliothèque (transformé temporairement en ''espace atelier'' à l'école) en proposant de m’aider. Les garçons s’appliquent à assembler les carnets pour les élèves absents et ensuite ils dessinent une planète de foot en utilisant un normographe.

À partir de ce moment, les enfants viennent régulièrement me voir à la bibliothèque pendant la récréation.

Couvertures des carnets et premières idées sur le pays imaginaire

Carnets : assemblage, reliure, collage. Premières idées sur le pays imaginaire à l'écrit et en dessin

Sortie avec les carnets

Sortie avec les carnets et réalisation des dessins d'observations en plein air/dans la rue. Reconstruction du trajet fait après le retour à l'école - dessiner une carte.