Gravures sur gomme représentant les parties de la carte de la "Tramtarie"

Les empreintes de pneus aux pieds nus

Publié par Tereza Lochmann

Journal du projet
Arts plastiques Arts visuels Urbanisme Gravure, Dessin, Multiples expérimentaux, Monotype, Peinture

À Sainte-Foy-La-Grande, la nouvelle année scolaire a commencé en marchant pieds nus dans le pays imaginaire. En utilisant le poids de leur corps pour faire des empreintes, les inventeurs de la Tramtarie ont re-découvert les techniques de la gravure et du monotype. 

Premier jour de l’école, 50 enfants dans les deux classes de double niveau CM1/CM2 ont réalisé une gravure sur gomme. Cette image gravée, au format carré ou triangulaire représente une partie de la carte. On y trouve des chemins, des villes, des forêts et des montagnes, ainsi que des habitants et des moyens de transport mystérieux. Sur une gravure, on peut lire l’inscription « Tramtarie » située sur une chaîne de montage à l’instar de la célèbre enseigne hollywoodienne. Il s'agit des composantes d’une future représentation du pays de la Tramtarie. Il ne reste qu'à les imprimer sur un grand support tous ensemble. 

Adapter le préau d’une école pour un travail d’atelier de gravure, c’est un défi. J’ai délimité deux espaces protégés par des barrières amovibles et j’ai étendu une bâche au sol en créant ainsi une « arène » de mes futures interventions. Toutes ces préparations, pour poser un tissu blanc de 400x150 cm, qui nous servira comme support pour l’impression. 

Mais comment se repérer sur une surface de cette taille ? Il fallait d’abord imprimer le nom du pays avec les grosses lettres en bois ainsi qu’une rose des vents avec un compas qui montre une échelle fictive de notre carte. Quant à la rose des vents, on peut constater qu’en Tramtarie, les points cardinaux ne se trouvent pas aux mêmes endroits que dans le monde réel. Ces quelques repères arbitraires ont délimité la future composition. Ensuite, nous nous sommes immergés dans une pratique plutôt aléatoire. En utilisant les pneus de moto, nous avons créé les principaux chemins qui vont désormais définir la topographie de la Tramtarie. Avec des rouleaux d’encrage, les enfants ont induit le relief des pneus à l’encre de gravure. Ensuite, ils ont lancé et roulé ces pneus sur le tissu dans toutes les directions. Les traces « imprimées » par les pneus ont créé des « chemins » et des « routes », selon l’épaisseur du pneu. Les contours de ces traces ont été ensuite repris au marqueur pour une meilleure visibilité. Ainsi des croisements et enchevêtrements de routes se sont produits. Il ne reste qu'à construire un pays imaginaire autour de ces routes ! 

Par petits groupes, les enfants venaient rajouter leur morceau de la carte au bord d’une « route ». Une fois l’emplacement choisi, son auteur a encré sa gravure au rouleau et il l’a imprimé sur le tissu. Pour ce faire, nous avions à disposition une presse manuelle avec un roulement à billes et aussi les presses « naturelles » : nos pieds et le poids de notre corps. Au fur et à mesure, la carte se densifiait. Les divers endroits réels et imaginaires surgissaient devant nos yeux et la carte de la Tramtarie prenait progressivement forme. Il fallait veiller à la composition organique proliférant dans toutes les directions. Pour protéger cette production fragile et unique contre l’effet nocif du chaos, garder sa vivacité dans son plus bel état, j’ai eu intérêt d’arrêter au meilleur moment possible. Trouver l’équilibre entre le plaisir de créer et le souci du résultat n’est pas toujours facile ! 

De la gravure sur gomme à son empreinte sur l'oeuvre collective