Jour 2
Aujourd’hui, c’est comme si j’avais mis des lunettes. Les premières impressions s’estompent, la vision floutée se précise, les jeunes personnes apparaissent sous un jour différent, plus distinctement. Toujours observateur en ce mercredi matin, je prépare mes deux premiers ateliers : le démarrage d’un programme théâtral intensif. La classe de 25 sera divisée en trois groupes de 8 ou 9 élèves. Pendant un mois environ, tous les jours, j’animerai un atelier d’1h30 pour chacun des groupes, mon but étant de créer trois spectacles avec trois thématiques différentes. L’enjeu principal de mon intervention : aménager dans un cadre scolaire un espace autorisant la spontanéité théâtrale, permettant l’improvisation et la réflexion dramaturgique.
Dans un premier temps, je mettrai l’accent sur la transmission et la pédagogie théâtrale. Au programme des ateliers de demain et après-demain donc, des exercices de relaxation en début de séance, puis des jeux visant à développer la cohésion du groupe, l’écoute, et à libérer l’imaginaire (j’ai à terme l’objectif de les amener à improviser). Ensuite, je demanderai à chacun de dire le plus simplement possible leur plus beau souvenir, assis en cercle d’abord, puis de raconter une histoire inventée, seul au plateau devant les camarades. Enfin, je souhaite terminer l’atelier en leur posant une question philosophique : Qu’est-ce que rêver ? Qu’est-ce que qu’être amoureux ? Qu’est-ce que qu’être méchant ? Ce sera une manière d’initier notre travail dramaturgique. En utilisant les outils de la philosophie pour enfants, je souhaite amener chaque groupe à questionner une thématique précise. Quelle écriture théâtrale adviendra de cette expérience ? quelle écriture inspirée par l’enfant et faite pour l’enfant ? Andy Kaufman cultivait une naïveté de clown. C’est cette part d’enfance qu’il portait qui touchait les spectateurs au cœur. Elle déclenchait un rire puissant et « tripal ». Je crois à l’existence d’un certain génie de l’enfance qui se cache aux yeux des adultes, mélange d’intelligence profonde et de naïveté. Je me mets en quête de cet esprit-là, présence furtive, joyeuse et insaisissable.