L’image, avec les enfants

L’image, avec les enfants

Publié par Maxime Leveque et Nolwenn Peterschmitt

Journal du projet

première semaine à l'école de la madeleine

On est au Mans. On rencontre les enfants. On fait connaissance, on marche dans la petite salle audiovisuelle, on s’appréhende, on commence à chercher une écoute ensemble. On fait des exercices de théâtre. On philosophe à armes égales. On leur demande qu’est-ce qu’une image? Qu’est-ce que voir ? Qu’est-ce que regarder ? On ne cherche pas de bonnes réponses, on se balade dans la pensée comme ça. Les choses qu’on a apprises avec les erreurs, les choses qu’on a mal comprises. Les erreurs poétiques, la création par balbutiement, on se marre, beaucoup.
C’est la base de tout ce qu’on fera avec eux en fait. Chercher ensemble. On impulse des exercices. On leur demande la description écrite d’une image personnelle, inventée. On mélange les cartes et chacun doit dessiner l’image de l’autre. On confronte. On s’amuse encore des interstices, des écarts, des choix, ce qui fait qu’il y a quelque chose du tout et de chacun. Parfois c’est très beau, parfois c’est n’importe quoi. Ça aiguise un œil commun.
Comme on le leur a demandé en amont ils ont ramené des photos de famille. On en regarde ensemble. Celui a qui elle appartient ne dit rien, les autres imaginent. Ce qu’on voit, ce qu’on ne voit pas, ce qu’on peut imaginer. A la fin il rétablit les faits. L’image devient autre chose. Parce qu’elle appartient à quelqu’un. Elle est chargée, très chargée, d’une histoire, d’une vie familiale… L’image a été construite, déconstruite et rétablie. La séance finit avec une certaine charge émotionnelle.
A la fin de la semaine, ils regardent les images différemment. Nous aussi. Finalement on aura pas fait ce qu’on aurait pu imaginer, essayer de décrypter les mécanismes pervers des images. Mais on aura pris une certaine confiance comme groupe dans notre capacité à voir et à imaginer.
On se quitte, impatients.