Première semaine de résidence à Saint-Jean du Gard
Partie de la capitale au petit matin, j'ai passé la journée dans les trains et les gares, mais au fur et a mesure que se dessinent les reliefs des Cévennes, j'oublie le long voyage et je me réjouis d'y passer la semaine.
L'école primaire est située un peu en hauteur, avec une belle vue dégagée sur les montagnes. Elle est toute neuve, d'architecture moderne assez organique qui se fond bien dans le paysage, avec des grandes salles vitrées très lumineuses, tout de plain pied et bordée de bambous. Mon atelier est une salle de l'école, pleine de livres, réorganisée pour moi, avec un bureau et beaucoup de lumière. Assise à ma table, je vois la cour de récréation, et pendant les pauses les enfants viennent s'agglutiner derrière la vitre et regardent ce que je dessine. Je leur propose de venir me tenir compagnie, mais pas tous à la fois!
Les portraits
La classe de CM2 est divisée en deux groupes: une partie en atelier avec moi, l'autre travaille en autonomie dans d'autres classes, et puis on échange.
Pour notre première rencontre, je me présente aux élèves, je parle un petit peu de mon travail mais je ne leur montre pas ma bande dessinée cette fois-ci, ni mes dessins, car je préfère découvrir leurs univers plutôt que des les influencer.
portraits en face à face... avec une part d'improvisation
La première étape de notre grand projet - réaliser une planche de bande dessinée - sera de s'entraîner à dessiner des personnages. Pour la première séance de dessin, les élèves sont assis face à face, et se dessinent par deux. On change régulièrement de modèle, et c'est un peu le jeu des chaises musicales chaque fois qu'ils se déplacent.
Dessiner de la mauvaise main
J'appelle mon groupe "les graines d'artistes" et je leur propose d'expérimenter différentes techniques afin de libérer leur trait et de faire des portraits plus expressifs: les élèves dessinent en une minute, puis en trente secondes. Ensuite les droitiers dessinent de la main gauche, et les gauchers de la main droite. Enfin, ils doivent dessiner les yeux fermés, de mémoire. On rigole beaucoup en observant le résultat. Nous discutons du fait que les portraits moins maîtrisés sont souvent plus spontanés et très intéressants.
Portrait de la main droite, puis gauche
Nous employons aussi différents outils. Nous utilisons des feutres, des crayons de couleurs, de mines de plomb. Mais pas de gomme! Il n'y a pas de ratés, on peut juste redessiner par dessus, ou accepter et exploiter les traits imparfaits.
Au départ toutes ces contraintes sont un peu frustrantes pour le groupe, puis les élèves acceptent de lâcher prise et sont ravis des résultats.
certains se découvrent ambidextres...
Le jeudi, nous poursuivons cet exercice, mais cette fois-ci, il faut faire un portrait sans modèle. On imagine un personnage, puis on le dessine avec différents outils, sur divers formats, en représentant des émotions.
En grand sur un format A3, on exprime la colère à coups de pinceaux et d'encre de Chine. Puis en tout petit, dessiné au calame, la tristesse. La peur se dessine au fusain, puis la joie dans une profusion de couleurs au pastels gras...
Maintenant que nous avons expérimenté tout ça et décomplexé nos graines d'artistes avec le dessin, rendez-vous en mars pour l'écriture de scénario...
les mots des enfants pour décrire notre premier atelier...
