Croquer la vie

MOIS 5

Publié par Claire Bosse-Platiere

Journal du projet

Écrire c’est raconter son histoire à travers celle d’un.e autre. Exprimer entre les lignes: l’intime, le secret, le non-dit. Écrire c’est se découvrir soi, c’est jouer avec qui l’on est et ce que l’on pense. Pour moi, c’est un aller-retour de plusieurs mois entre le texte et moi, ajoutant, retirant, corrigeant, prenant des virages, changeant d’avis ou se confortant, pour aller jusqu'au bout.

Avec Monstre(s) j’écris l’histoire d’une femme qui ne sort plus de chez elle, dans un monde où tout l’effraie. Un jour, alors qu’elle regarde des vidéos d’elle quand elle était petite, comme dans un rêve, la petite fille se met à lui parler. Rencontre fantastique et impossible.

Dans cette pièce se trouve mon plaisir espiègle de jouer le rôle de cette femme qui a la chance durant 30 minutes de vivre un moment extraordinaire avec l’enfant qu’elle était. La joie de l’actrice, l’amusement de l’autrice, et le casse-tête de la metteuse en scène qui doit créer cette rencontre et inventer un cadre pouvant supporter cette réalité. Comment peut-on faire croire ? Faire croire à l’impossible voilà qui me semble une belle mission du théâtre. Rêver. Et se questionner sur ses peurs. Voilà où Monstre(s) m’emmène et me guide ce dernier mois. 

Enfin, j'ai rencontré Irène Némirovski ici. C'est l'une de mes plus belles rencontres, sinon la plus belle. Car découvrir une poétesse à l'endroit où elle écrivit ses derniers romans, est une immersion intime et puissante. Une sublime plume qui m'émeut profondément. Oui, décidément, j'aurais fait des rencontres extraordinaires. 

"Alors je laisse la lampe allumée,

Un phare dans la nuit,

une amie.

Et ensemble nous scrutons l'espace.

L'ombre devient lumière,

la peur s'efface.

 

La nuit,

J’ai peur des bruits,

dehors,

Je ne sais pas si c’est un hibou qui hulule,

Un loup qui crie à la lune,

Le vent qui ronfle aux fenêtres,

Ou alors un gigantesque monstre faisant craquer les branches sous ses immenses pieds/

Ou seulement les voisins qui sortent les poubelles.

Je ne sais pas.

Mais je tremble,

et retourne me cacher,

le cœur serré,

qui retient son souffle,

pour mieux entendre."

- Extrait de texte, La femme, Monstre(s).