MOUVEMENT

MOUVEMENT

Publié par Emilie Szikora

Danse Aikido et aikishintaiso

LA SALLE DE LA DANSEUSE

Une salle de classe au bout du couloir du RDC. Avant chaque semaine de présence il faut pousser les tables. On aménage, on libère l'espace, on cache le bureau du maître. Les ateliers se font dans la chapelle dojo juste à côté parce qu'il y a plus de place et que le sol est souple. Mais cette salle c'est là où on travaille, les enfants savent qu'on est là, qu'on soit 2, 3, 4 ou que je sois seule. Ils le savent bien, souvent ils viennent avec leur maîtresse, ils s'installent tout autour et ils regardent nos expériences, recherches, discours, échauffements, essais. Ils posent des questions, nous aussi. Quand ils s'en vont, on reste là. On continue à chercher, on branche les ordinateurs sur les prises sécurité qui sont placées très haut. Le carrelage est un peu dur pour les jambes, je m'entraîne au tout terrain. J'essaie de ne pas mettre trop fort la musique, surtout quand je répète une séquence 100 fois de suite car la classe à côté entend tout. Nous aussi on les entend, la maîtresse hausse le ton souvent.

LA SALLE DE LA LIBERTE

Au fur et à mesure que la conception du bal avance, on se réunit aussi dans cette salle pour danser. Les grands ateliers au dojo continuent mais on prend le temps de voir chacun des 7 groupes, un par un, dans la petite salle, pour travailler le mouvement, le sens du rythme, la prise de parole au micro, la description des mouvements pour l'enseigner à d'autres, l'esprit de groupe, la mise en scène. L'ambiance se détend. On devient collaborateurs. La dernière semaine, le mardi, j'ai vu chaque groupe en tête à tête. 40 minutes par groupe, c'est court mais en si petit nombre c'est précieux. Comme quand des danseurs se retrouvent en studio, on commence par discuter de choses et d'autres, se donner des nouvelles, se poser des questions. On a fait des points plannings, costumes, logistique. Un vrai travail de compagnie. Puis la répétition, savoir quoi faire et le faire si bien qu'ils peuvent s'autoriser à aller au-delà, se sentir libres. On est en tête à tête mais ils imaginent déjà les 200 personnes potentiellement présentes le soir du bal. Puis on débreif. Maintenant ils s'assoient sur les tables, comme moi. Parce qu'avec moi on peut, on est à l'école mais c'est un autre projet pour lesquels ils sont danseurs, pas élèves. Alors dans la limite du bon sens, on fait bien ce qu'on veut. C'est plus confortable de s'asseoir sur les tables. C'est plus facile pour se lever et montrer un mouvement, danser, prendre la parole avec son corps au milieu de la conversation. On parle d'opéra, parce que c'est l'opéra de Rouen qui nous prête les lumières, on parle de leurs familles, parce qu'ils ne savent pas comment dire à leurs parents que ce sont les adultes qui vont danser vendredi soir, on parle du trac parce qu'ils se sentent un peu tout chose d'être en représentation bientôt. On est assis sur les tables et on parle de la danse et nos vies. On en conclu qu'ici c'est la salle de la liberté.

LA SALLE DE LA LIBERTE
LA SALLE DE LA LIBERTE
Thème(s)
Corps et geste