Arrivée à Ham

Première session

Publié par Anaïs Marion

Journal du projet

Semaine d'immersion en classe et réalisation de cartes postales avec les élèves.

Les élèves de la classe de Florence Cauet m’attendaient de pied ferme. Deux semaines plus tôt, j’avais reçu un montage vidéo préparé par les élèves spécialement pour moi, pour se présenter et me montrer l’école avant mon arrivée. Très touchant message de bienvenue.

Ils parlent déjà « projet » tandis que je découvre un lieu qui m’est devenu, au fil des ans, totalement étranger : l’école. Les protocoles sanitaires ajoutent un niveau de complexité supplémentaire à l’organisation générale des horaires, des niveaux, des locaux, des manières de procéder propres à l’éducation enveloppées dans des acronymes mystérieux. Les usages du vidéoprojecteur, du tableau tactile -TBI-, des tablettes, de l’ENT n’ont aucun secret pour les élèves, contrairement à moi. Rien de tout cela n’existait dans ma classe au primaire.

C’est ma première intervention en tant qu’artiste avec des enfants. Cette semaine de rentrée du 4 janvier, je suis en immersion dans la classe. Je découvre comment s’organise la journée des élèves, commence à me familiariser avec les prénoms, essaie d’imaginer quelle place mon projet va prendre au sein de cet écosystème. Je commence, l’après-midi, une présentation de mon travail. La réaction des élèves coupe net mon angoisse de présenter « à côté », de ne pas trouver les mots. J’entends des « ouaaaaaaaah », des « oooooh » et des « C’est beau ! » qui me surprennent. Je montre quelques images et explique aussi comment je travaille, comment je vis, comment ces images naissent. Puis vient le moment de leur parler du projet : nous allons réaliser un livre. Un livre avec des photos, mais un livre quand même. Je montre un exemple, leur fait découvrir les objets. Quelques extraits vidéo du film La nuit au musée m’aideront à illustrer une partie du projet. Ces fameuses pièces archéologiques dont certaines leur rappellent déjà des souvenirs, nous allons imaginer leur vie, leur inventer une histoire, nous allons écrire et mettre en scène cette histoire. Cette présentation est accueillie avec enthousiasme.

Les deux après-midi restantes sont consacrées à la réalisation de cartes postales. J’avais cette idée en tête comme une intuition. Je leur ai fait réaliser des cartes à gratter de format 10x15 cm. La première étape consiste à remplir le papier de pastel gras puis de le recouvrir de peinture noire. On dessine ensuite en grattant la peinture pour découvrir le fond. Ce geste de recouvrement et de grattage me faisait penser à des gestes d’archéologues. Le rendu présente les objets en creux et sur fond noir - couleur que j’ai moi-même utilisé dans ma première série de photographies avec ces objets, représentés sans échelle, comme des bijoux.

Si le pastel gras et la peinture ont du succès, l’étape d’écriture est plus douloureuse. Florence, l'enseignante, Anne-Cécile, enseignante de la classe ULIS et Manu, assistance de vie scolaire, m'aident à passer dans les rangs, préciser des orthographes, trouver des mots à mettre noir sur blanc. La consigne : à partir d’un dos de carte postale, rédiger un texte à la première personne qui présente l’objet. Ces fausses cartes, fictivement destinées au Musée du Louvre, dressent un premier portrait personnel sur chacun des objets choisis. Une première possibilité de les faire parler, de leur faire raconter leur propre histoire. Que les élèves puissent s’approprier les objets que je leur apporte.

Finalement, l’intuition s’est expliquée : le récit que nous allons écrire collectivement sera un voyage. C’est la contrainte que j’imposerai. À la séance suivante, nous allons chercher à organiser les réalisations sous la forme de cinq panneaux à afficher dans l’école pour les autres élèves. Se pose la question du classement des objets, comment les répartir ? Les textes au dos des cartes postales mentionnent des âges, des lieux de naissance ou des voyages. Nous décidons de les classer de manière géographique. Des groupes sont constitués pour trouver comment assembler les recto et les verso des cartes, chaque panneau doit avoir son propre titre. Mon préféré : un groupe a décidé de mélanger les dessins et les textes sous le titre « Les inconnus ». Charge au regard d’essayer de trouver quelle histoire appartient à quel dessin…

Premier jour

Présentation de mon travail et du projet à la classe

Cartes postales grattées

Présentation du Musée imaginaire

La porte d'Ishtar par Thibaut