Résidence d'artistes

Résidence d'artistes

Publié par Antoine Prud’homme De La Boussiniere et Simon Rembado

Journal du projet

Du 30 mai au 2 juin, nous avons invité dix jeunes comédien(ne)s à venir réfléchir et travailler sur des thèmes... plutôt brûlants.

"De la dénonciation"

Très vite nous nous sommes rendus compte que notre présence à l'école auprès des enfants allait nous questionner encore d'avantage sur notre objet d'étude, à savoir les dynamiques de dénonciation, et la mécanique du "bouc émissaire". Le pari que nous avions fait d'envisager l'école comme un "laboratoire" où nous, petits scientifiques, allions décortiquer le comportement des enfants s'est avéré tellement réussi qu'il nous a débordé. Et nous ne savions presque que faire de tant de matière. Ceci, ajouté à un fait très simple: Création en Cours était sensé comporter un pan pédagogique et un pan artistique. Hors notre recherche artistique ne pouvait avoir lieu si nous restions simplement Simon et moi, entre metteurs en scène. La création d'un futur objet, "Sorcières", nécessitait en toute logique de donner un corps à nos cerveaux enfumés. Il leur manquait l'essentiel : des acteurs.

Quels enjeux ?

Nous avons donc fait venir une dizaine d'acteurs à Ancy le Franc. Et ils vinrent! De Paris, de Lyon et même de Suisse, pour une dizaine de jours. Nous ne leur avions communiqué que le dossier de présentation de notre projet Création en cours. Ce fut un vrai temps de recherche, extrêmement précieux. Car il ne s'agissait pas pour nous de créer un spectacle ni même de le répéter, mais bel et bien de chercher. Définir ensemble quel est l'objet brûlant qui se dessine sous nos mains, prendre le temps de chercher par quel biais procéder, où chercher, etc... C'est un temps dont on ne dispose pas d'ordinaire. Habituellement, le metteur en scène sait ce qu'il veut dire et de quelle manière; les acteurs sont là pour traduire cette pensée en action. Là, nous avons pris notre temps. Il le fallait : notre objet s'est avéré de plus en plus sensible au fil des recherches. C'était donc d'avantage une résidence dramaturgique, "à la table", qu'une résidence de répétition. Ensemble, nous avons pu tester, fouiner, infirmer et confirmer des intuitions que nous avions.  

Prochaine étape ?

La digestion n'est pas encore terminée. Nous avons traversé divers terrains, plus tumultueux les uns que les autres : nos propres expériences de la dénonciation, l'histoire de Pavlik Morozov -héros du communisme ayant dénoncé son propre père-, les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, l'affaire d'Outreau... Nous avons pu sentir à quel point tous ces sujets, quels qu'ils soient, remuaient des choses violentes et sacrées en nous. Et toutes ont quelque part trait à l'enfance. La prochaine étape de cette création sera donc l'écriture de la pièce. Nous y sommes maintenant prêts, et elle débutera dans l'année qui vient. ça va être chaud.