2076,
la communauté des appréhendex voit le jour.
Leur révolution est simple, faire découvrir les « sens » du monde et contrer l'absolu contrôle de l'humain sur la nature. Eux-même se sont rompus à l’exercice de la transformation par l’art de la transhumanisation. Grâce à l’étude du cognitif et de l’enchantement de leur sens, ils mettent au point une série d’exo-machines qui leur permettent d’appréhender le monde du vivant et de le préserver.
Pour rendre visible et partager l’exploration des sens, les appréhendex vont mettre au point des micro-architectures savantes appelées structures vivantes. Intimement liées à leurs sens et à l'histoire de chaque appréhendex, elles lient le corps à son milieu puis se déclinent dans l'espace pour une expérience collective.
Leurs constructions du futur, retrouvées aujourd'hui, sont imprévisibles et rocambolesques, elles questionnent nos manières d'être en relation avec ce qui nous entoure.
Ici c'est 2076
Une révolution d'un nouveau genre a lieu. Ce sont les appréhendex qui en sont à l'origine.
Les appréhendex sont un groupe de transhumanistes humanoïdes "low-cost".
Le transhumanisme aujourd'hui est un mouvement qui, par la science, souhaite améliorer la performance humaine. Dans notre cas, les appréhendex font front à l'aliénation de l'humain par l'invention d'une nouvelle communauté. Celle du vivant des machines. Alors que l'humain, aveugle, dans une course effrénée à l'ultra-technologie cherche à tout prix le dépassement de sa condition d'être terrestre, les appréhendex cherchent une alliance bio-éthique avec les "machines" qu'il a lui même créé.
L'évolution se fera à travers les sens, l'étude du cognitif pour faire collaborer l'homo sapiens et la machine au travers de nouvelles cosmogonies. Sentir c'est appréhender le vivant, le comprendre pour mieux coopérer et agir avec lui.
Nous partons loin dans le futur, pour revenir dans notre époque. Par un principe d'archéologie inversée, les actions de 2076 laisseront des traces et des outils aux appréhendex de 2020.
Retour en arrière :
En 2020, le débat mondiale sur l'intelligence artificielle et le transhumanisme est chaud bouillant. Un regain d’épopée cyberpunk voit le jour, un artiste italien se fait greffer sur la tête un implant sonar électronique récréant les capacités de la chauve souris, des codes de programmes de plus en plus aboutis tentant de créer une conscience numérique rendant autonome la prise de décision des machines, les partisans du transhumanismes veulent changer la constitution des droits de l'homme pour intégrer une nouvelle espèce "d'homme-machine", des séries populaires comme "Black mirror" dévoilent des recherches comme le transfert de conscience, la 5G et son sytème d'internet spatial d'un monde toujours plus interconnecté voit le jour.
Paradoxalement, on cherche dans ces nouvelles inventions un remède aux maux de notre société anthopocène : détachement aux conditions de la nature, épuisement des ressources, individualisation des humains, surconsommation, écarts de richesses et d'égalités croissantes, découverte du "plastigomerat", artificialisation des cultures. L'humain a de plus en en plus conscience de son environnement et de sa capacité à agir pour le modifier.
Si nous, humains, cherchons constamment à contrôler la nature pour nous en "protéger" - l'éternel combat de l'humain "civilisé" face à cette nature "sauvage" - nous devons nous placer en maître pour accéder au contrôle. Une question fondamentale des mouvements transhumanistes : l'ère anthropocène démontre une maîtrise technique sur notre environnement, mais jusqu'où peut aller la maîtrise de nos propres corps?
Avec la robotisation numérique et nos nano-technologies, on n’est pas loin de pouvoir modifier les facultés humaines : longévité, force, cognition... Le mythe du dieu-humain ou du super-héros. Mais pourquoi vouloir se greffer un grille pain si l'on utilise à peine 20% de notre cerveau ?
Le débat n'est pas à être "pour ou contre" mais à poser un regard critique et singulier sur ces évolutions pour explorer d'autres possibilités, plus absurdes et imprévisibles.
Retour en avant.
Face à l'escalade technologique de la performance et un isolement personnel devenue la norme, les appréhendex ont pris la voie du transhumanisme pour se poser des questions de conscience : sur soi, sur l'esprit collectif, et sur notre environnement.
Le soi : me changer moi même ? Pourquoi ? Pour devenir qui ? Quels buts et quelles histoires je crée pour donner du sens à ce que je veux être. Est-ce que je peux expérimenter moi même mes artefacts pour trouver quelque chose qui me correspond, une extension que je choisis ?
L'esprit collectif : comment passer de l'individuel au collectif, pour partager ce que je découvre avec l'autre ? Ce que je transforme a des effets positifs sur la conscience de groupe. Je partage une nouvelle vision pour créer un effet plus large et faire partie d'une aventure commune. Nos actes ne sont pas isolés.
Notre environnement : d'où viennent les matières qui permettent la transformation, sont-elles obsolètes ou nouvelles ? Est-ce que je peux me bricoler à partir de peu, de ce qui existe déjà à côté ? Est-ce que je peux me transformer pour connaitre les secrets, les mystères et les invisibles de mon environnement ? Je fais partie de mon environnement et je me transforme avec lui en fonction de ce que je ressens, de ce que j’expérimente sur moi et avec le groupe.
Alors, comment ça se passe dans l'espace :
Immergés dans la fiction, les enfants seront dans le rôle des appréhendex, à la fois acteurs et réalisateurs d'une installation collective échelle 1 qui traite de l'appréhension de notre environnement quotidien par un rapport sensoriel à notre espace au travers de machines-outils.
Afin d'encadrer le groupe des appréhendex, je porterai selon les étapes plusieurs casquettes, celui du conteur/lanceur d'alerte, du chercheur, du mécano-constructeur, de l'illustrateur et du metteur en scène. Des rôles qui évolueront pour maintenir le fil de la narration et s'adapter aux détours qu’elle prendra pour que le groupe reste imprégné de l'histoire et curieux de son évolution.
La réalisation finale, d'un ou des objets communs, sera construite avec les enfants et inspirée de leurs expérimentations. L'usage de différentes échelles, de celle du corps à celle de l'espace collectif questionnera différents modes de fabrication et l'évolution de la narration.
La résidence s'organise en trois temps.
L'exploratoire : Une première immersion dans le monde des sens par le corps et l'observation. Chaque appréhendex choisit et met en valeur un de ses sens par la fabrication "d'exo-machine" faite de matériaux rudimentaires, neufs ou de réemplois. C'est le moment de bricoler, manipuler, tester, écrire, analyser et raconter l'histoire de chacune de ces machines et de la réalité de l'appréhendex qui la porte.
Quel son me semble le plus proche de moi, le plus éloigné ? Comment fabriquer un outil pour mieux me concentrer sur les sons qui émanent du sol ? Quelle est l'histoire de cet apréhendex au casque à mille entrées qui écoute le sol ?
Le grand rassemblement : La mise en commun des expériences exploratoires marque le passage de l'individuel au collectif. Le partage d'experience prend la forme d'un marché organisé où chacun peut échanger, donner ou recevoir les exo-machines. C'est une façon incrémentale d'initier la dernière phase et de créer une histoire commune.
L'enchantement : Les appréhendex déterminent des transformations à apporter à leur environnement pour en révéler l'invisible. Des structures vivantes et éphémères voient le jour, elles racontent une nouvelle histoire des sens, la révélation transhumaniste pour le futur à venir.
Dans l'esprit de tous, le chemin parcouru fait "sens" et participe à la création d'un imaginaire poétique.
Par le(s) artiste(s)