Et nous y sommes, derniers jours avant cette restitution. Pour le banquet, j’ai proposé à Alexis Champion, artiste plasticien et vidéaste, de m’accompagner pour filmer les étapes de modelage de pain ainsi que ce vernissage en extérieur.
L’un des boulangers de Signy-le-Petit devait me fournir la pâte nécessaire, mais à cause de la situation sanitaire il n’a plus le droit de le faire. Dans le village voisin de Saint-Michel, dans l’Aisne, il n’ont pas cette contrainte. Situé à seulement une dizaine de kilomètres de Signy, qui est dans les Ardennes, je reste dans le périmètre dans lequel je m’étais autorisée à solliciter. En effet, travailler localement pour les principales matières premières était l’un des enjeux du projet. C’est donc auprès d’un autre artisan, la boulangerie Mahoudeau, que je récupère la pâte les mardi et jeudi.
L'Ardennais, article de Daniel Jennepin
Toute la journée du mardi est occupée à modeler cette pâte, aussi surprenante pour les élèves que la première fois en juin. Ils modèlent des grandes formes tels des os, des carottes, des homards, des fourchettes, des baguettes et, nouveauté, nous faisons aussi des pains individuels, pour être sûrs que les visiteurs aient des éléments personnels à déguster sur place. Comme le mercredi il n’y a pas classe, nous réservons et congelons la production cuite à l’école. Le jeudi matin c’est le même schéma pendant qu’on sort les pains du mardi. Pour en avoir discuté avec cinq ou six artisans venus de villes et de boulangeries diverses, le pain n’est pas censé s'altérer s’il est congelé juste après cuisson - et surtout pas avant cuisson ! Promesse tenue, on ne goûte pas de différence.
Le Courrier d'Hirson, article de Daniel Jennepin
Nous allons donc sur le terrain qui se trouve à côté du collège du village, à douze minutes à pied de l’école primaire. Là-bas, Alexis a installé son matériel de captation et nous disposons les céramiques et les pains avec les enfants. Plusieurs personnes de la région, des acteurs culturels ainsi que le journaliste local sont présent.e.s, en plus de quelques parents d’élèves qui ont pu se libérer. Après tous ces mois, c’est l’occasion de les rencontrer et d’échanger un peu avec eux. Et toutes les maîtresses du primaire ont pu s’organiser pour venir en classe entière, l’une après l’autre.
Les enfants sont investis : certains expliquent les techniques à chaque groupe arrivant et présentent ce qu’il y a dans le banquet. Ils participent activement à l’effort de groupe et, petit à petit, le pain disparaît de la nappe. Les groupes repartent en ayant goûté, ou avec des carottes, poissons et os dans les mains.
Lorsque vient l’heure de partir, les reliefs du repas ne sont pas que des miettes, mais encore toutes les formes colorées en faïence. Nous enveloppons les pièces des absents pendant que ceux présents récupèrent finalement leur production.
