Les émaux dans leur bocal

6 - Coquille d'oeuf, rouge, jaune, EMAILLEZ !

Publié par Sarah Penanhoat

Journal du projet

De mon côté, j’ai préparé en amont des émaux en poudre dans des seaux, et je continue l’opération le soir en repartissant la matière dans des bocaux ergonomiques, pour que les enfants puissent puiser dedans simplement.

Les ingrédients encore sous forme de poudre
Les ingrédients encore sous forme de poudre, avant l'ajout d'eau.

L’émail doit impérativement être préparé au moins 24 heures avant utilisation, pour qu'il repose et se stabilise. C’est pourquoi je l'ai préparé dès lundi et nous émaillerons à partir de jeudi.
Je profite aussi du mercredi pour sculpter.

Batteur avec de l'émail
Batteur avec de l'émail, après l'ajout d'eau, consistance pâte à crêpe.

Et voilà, nous y sommes, à l’émaillage à proprement parler. Ce jeudi matin, de rares enfants reviennent une ultime fois finir leur pièce en autonomie, pendant qu'un quart de la classe vient, lui, pour choisir et appliquer la couleur voulue.

Email fini, reposé, et transvasé dans un bocal
Email fini, reposé, et transvasé dans un bocal.

Il y a quelque chose d’un peu obscur à voir un liquide couleur pastel, par exemple lavande, clair et mat, et à imaginer qu’il sera bleu foncé et brillant après cuisson.
Or, c’est le propre de l’émail ; sa couleur initiale, lorsqu'elle est crue, n’a aucun rapport avec celle qui ressort après cuisson puisque ce qui le compose n’a pas été activé.

Aussi, je redis aux enfants que ce qu’il voient ne sera pas ce qui sera et leur explique les transformations  : le violet foncé deviendra coquille d’oeuf, l’orange pâle, du rouge vermillon, le blanc du transparent ; et le jaune, du jaune ! Mais brillant, vernis. Quelques exceptions à la règle.
Comme pour le modelage de l’argile - colombin, plaque, sculptée..., en émail, il y a différentes façons de faire : le déposer au pinceau, ce qui s’apparenterait le plus à de la peinture, travailler à l’éponge, tremper la pièce dans un récipient pour qu’elle soit homogène, la remplir d’émail et attendre quelques secondes, pulvériser, comme avec un aérographe.

Nous, nous travaillons essentiellement au trempage, remplissage et pinceau. Comme lors de la sculpture, la marche à suivre est différente en fonction de la pièce à émailler. Et, comme lors de la partie modelage, je suis étonnée de voir des enfants si maladroits avec un pinceau, pas trop soigneux, pas trop précis ; même ceux qui s'appliquent ne conscientisent pas forcément qu'il faut être "propre" pour ne pas salir sa pièce, puisqu'après cuisson ce ne sera cette fois plus du tout rattrapable. Ainsi, j'apprends à E. à tenir son pinceau de la bonne main, à essuyer le surplus de matière, et à peindre dans le sens du poil.

Pour avoir une harmonie, les tasses, coupes, bols sont émaillés avec un intérieur transparent et un extérieur uni, sans détails ou décorations superflues. Les enfants choisissent la couleur qu'ils veulent parmi celles présentes. Et pour la pratique, pour les contenants cités ci-dessus, c'est assez rapide ; on remplit l'intérieur du contenant d'émail transparent, on laisse une quinzaine de secondes reposer, que l'émail se dépose sur l'intérieur, on vide.

On essuie les taches, coulures, défauts qui sont apparus si on a mal versé, et l'extérieur se fait au pinceau en une seule couleur unie.

Application de l'émail au pinceau et remplissage

C'est une autre paire de manches pour les gnocchis, les frites, les pop-corn ou les haricots rouges à la sauce tomate. Ici, il s'agit d'un travail sur le long terme. Déjà, lors de la création de ces formes, Louis, Maelig, Mélissa et Thyméo avaient vu que c'était "simple", mais fastidieux. Là, ils doivent tremper un par un leur aliment, attendre qu'il sèche un peu, puis retremper pour la deuxième couche. Pour les cinquante-sept gnocchis de Louis et les quatre faces de la bonne dizaine de frites de Maelig, ils prendront beaucoup de temps.

Et pour la semaine suivante, je les mets à contribution pour récolter des déchets alimentaires, comme des pelures d’oignons, des écorces sèches et propres d’avocats, des feuilles de chêne, du brou de noix, de l’artichaut (les restes de feuilles et le pied), pour que l' on fasse ces tests de teinture végétale.

Louis et Maelig, frites et gnocchis