Sahara

14 février : connaître le monde par la pointe des pieds

Publié par Pauline Murris

Journal du projet

Jeudi 14 février

Commencer la journée par un peu de géographie : nous apportons une grande carte du monde sur laquelle nous situons le désert du Sahara, le Maghreb, l’Algérie.

Puis, vient le moment tant retardé (afin de ne pas trop orienter l’imaginaire des enfants) : nous dévoilons le Sahara tel qu’il est véritablement. Nous leurs montrons des photos de notre voyage en Algérie (sur les traces d’Isabelle Eberhardt), des images d’Isabelle grimée en marin, en étudiant tunisien… Nous évoquons des différents modes de voyage possibles, de Nicolas Bouvier en fiat Topolino à Alexandra David-Néel à pied, d’Isabelle Eberhardt à cheval à nous deux en van aménagé.

Les questions fusent, nous prenons le temps de n’en délaisser aucune. Certains enfants sont familiers de ces régions-là, d’autre n’ont jamais quitté Ajaccio. L’imaginaire commun commence à s’esquisser.

Nous terminons la matinée avec un petit exercice d’écriture. Dans leur petit carnet, les enfants doivent écrire à un proche une lettre expliquant pourquoi ils/elles sont parti(e)s en terre étrangère. Les textes que nous récupérions sont très disparates, beaucoup parlent de fugue, de drames familiaux. Parfois d’exil. Assez peu traitent du voyage finalement.

 

L’après-midi, les enfants embarquent pour un voyage immobile.

Tous s’allongent pour un moment de relaxation pendant lequel nous cherchons à les faire voyager dans un autre espace-temps, tout en prenant conscience de chaque partie de leur corps. Au cours de la relaxation, par surprise, nous leur lisons des textes que certains d’entre eux ont écrit la veille, en y incorporant des extraits d’Isabelle Eberhardt. Nous prenons bien soin de garder l’anonymat, pour que chaque texte soit traité comme une matière théâtrale possible au même titre que le texte d’un auteur connu. Le sourire aux lèvres, mais secrètement, certains auteurs se reconnaissent.

Puis, nous reprenons les « traversée » dans l’espace, face à différents éléments.

Petit malaise au moment d’une des traversées consistant à se faire passer pour quelqu’un de l’autre genre (en référence à Isabelle Eberhart qui se faisait passer pour l’étudiant tunisien Mahmoud Saadi). Nous cherchons à voir ce qui jaillit spontanément, où en sont les enfants vis-à-vis des clichés liés au genre. Nous réalisons que nous avons amené la chose de façon un peu trop frontale, qu’il faudra désormais travailler sur cette thématique de façon plus fine, plus détournée.