Saharette, gardienne du désert

L'histoire s'écrit

Publié par Pauline Murris

Journal du projet

La semaine du 18 mars.

Nous pouvons désormais attaquer un travail d’improvisation autour de situations plus précises.

La première fois, Baudouin joue Joseph (un autre enfant joue l’autre personnage) afin de poser clairement les enjeux des scènes. Puis, les enfants improvisent et nous les dirigeons.

Nous commençons par deux scènes aux enjeux simples. 

- Hector-le-camion s’adresse à Joseph. Il lui explique pourquoi il est malheureux et ne redémarrera pas. Joseph, pour la première fois, découvre que son camion parle.

On fabrique un camion de fortune avec deux chaises et un tapis de gym.

Caché derrière le camion, l’enfant qui prend en charge la voix d’Hector sent protégé et ose la composition. Pour l’acteur comme pour les spectateurs, c’est très ludique. On teste « différentes » voix, on peut oser des émotions fortes (le camion pleure et se met très en colère). 

Caché avec l’acteur qui joue Hector derrière le camion, Baudouin donne des indications de jeu en direct, souffle certaines phrases à ceux qui ceux qui peinent à improviser.

- Joseph pêche un poisson des sables qui lui propose de l’emmener dans un monde merveilleux s’il lui laisse la vie sauve.

L’enjeu de la scène est assez simple, puisqu’il s’agit d’une situation d’urgence, présentant un rapport de force assez classique. De belles pépites naissent. Ce que l’on cherche surtout dans cette improvisation, c’est la description d’un monde merveilleux qui les fasse rêver.

« Si tu viens avec moi, tu pourras manger des tas de côtelettes de cerf. » Lou.

« Les dieux me l’ont chuchoté. Quand ils ont trop chaud, ils viennent sous le sable nous raconter comment vivent les humains ! ». Cindy.

« On peut tout trouver dans mon monde ! Il y a des cerisiers en fleurs, des lacs peuplés de monstres tropicaux, des oiseaux aux têtes de loups, aux ventres d’éléphants, aux pattes de renards…Si tu viens avec moi, la nuit ne tombera pas. Quand c’est le soir chez vous, c’est le matin chez nous. Le soleil se couche dans le grand sable, et réapparaît de l’autre côté, très haut dans notre ciel. Il y a d’ailleurs des couchers de soleils magnifiques sous le sable. » Lou.

On se pose la question de faire mourir/survivre le poisson des sables. Les avis divergent, il y a débat.

Certains enfants voudraient que Joseph aille dans le monde merveilleux, ce qui modifierait radicalement la construction dramaturgique.

Comme les enfants sont très nourris, on peut se concentrer sur les enjeux des scènes, travailler le jeu d’acteur, et surtout inventer sans limites.  

Chaque improvisation est enregistrée et/ou filmée. Les traces seront précieuses pour l’écriture des scènes.

Les enfants découvrent ce qu’est « l’écriture de plateau ».

Nous poursuivons toute la semaine autour de ces scènes improvisées. On apporte de nouveaux éléments :

- une scène tirée d’une nouvelle de Kafka, un peu réécrite, pour que Joseph se retrouve au milieu d’un conflit entre des nomades et des chacals qui se haïssent

- la rencontre entre Joseph et Isabelle Eberhardt

- les interrogatoires de Saharette

- le personnage du guépard-messager

Les enfants sont divisés en 3 groupes, que nous avons le temps de faire travailler puisque nous sommes à l’école toute la journée.

Chaque groupe travaille séparément (en improvisation, en atelier d’écriture et lors des tempêtes de cerveau) sur des parties de l’histoire différentes (très grossièrement, le début, le milieu, la fin). Cela nous permet de creuser l’enjeu des scènes, de sans cesse questionner la dramaturgie…