Ateliers 3 et 4 // Janvier 2018

Atelier 3 / lundi 15 janvier 2018

Atelier d'écriture

Nous poursuivons notre atelier d'écriture sur le portrait imaginaire de Poil de Carotte. J'invite les enfants à réfléchir à la manière dont on peut mettre en mots une image. J'insiste aussi sur la singularité de leur point de vue : 28 variations, cela induit que chacun.e possède un ressenti unique, son regard personnel, ses propres émotions.

Jules Renard et Félix Vallotton

Maintenant, il est temps de plonger dans l'œuvre de Jules Renard. Pour cela, je présente aux enfants les titres des chapitres de Poil de Carotte par le biais des illustrations de Félix Vallotton. Ces images nous font faire un petit détour par l'histoire de l'art : les xylographies en noir et blanc de Vallotton, avec leur style très marqué et leurs contrastes affirmés, nous plongent très rapidement dans l'univers de la bande dessinée. Nous poursuivons notre jeu de lecture d'image (les enfants sont très vifs d'esprit et imaginatifs).

Avec les titres des chapitres de Renard et les représentations de Vallotton, nous spéculons sur le roman : nous imaginons qui sont les personnages et quelles sont les situations du roman. Les intuitions des enfants sont souvent très justes. Les enfants s'étonnent qu'il y ait une cinquantaine de chapitres alors que le livre leur paraît peu volumineux. Je leur parle de l'esthétique du fragment, de la forme courte. Je leur explique qu'il s'agit d'un roman hybride où Jules Renard convoque différentes formes littéraires : forme dramatique, forme romanesque, forme poétique, forme épistolaire... Nous essayons de repérer comment ces styles littéraires se traduisent formellement dans l'écriture.

Les images de Vallotton nous amènent à parler des différences et des ressemblances entre leur enfance aujourd'hui en 2018 et celle du personnage, sur le mode de vie des enfants dans les années 1890/1900.

Atelier 4 / vendredi 19 janvier 2018

Écriture romanesque et écriture dramatique

Je propose au groupe la lecture de deux extraits : le chapitre 21 « Le Programme » du roman Poil de Carotte de Jules Renard et la scène 3 de la pièce Poil de Carotte de Jules Renard.

Dans ces deux extraits, il s'agit de la même situation avec les mêmes personnages : l'une relève du romanesque tandis que la seconde relève du dramatique. Nous lisons ces extraits à haute voix, chaque élève se voit confier un fragment (cela me permet de voir la façon dont les enfants s'approprient un texte en lecture projetée). Ensuite, nous réfléchissons aux différences entre ces deux écritures sur le plan formel : en quoi écrire (ou lire) un récit et écrire (ou lire) du théâtre est différent ?  Ces questionnements nous permettent un petit détour sémantique, pour nommer ce qui appartient à chaque forme (par exemple, un narrateur et des paroles rapportées pour le récit ; des didascalies et des apartés pour le théâtre). On découvre que ce sont deux techniques, deux rapports à la parole, deux modes d'adresse distincts.

Dans ces extraits, le personnage de Poil de Carotte se livre à une sorte d'autoportrait (sublimé). Cette écriture de soi interpelle les enfants sur l'identité du personnage et semble les nourrir sur leurs propres textes en cours d'écriture. On remarque aussi que la vision de soi n'est pas toujours celle que les autres ont de nous. De façon générale, se dessine une certaine empathie ou identification pour le personnage.

Jeux théâtraux : l'écoute de l'autre !

En demi-groupe, nous faisons des petits jeux pour amorcer le travail au plateau. D'abord, nous commençons par des exercices pour convoquer la concentration, la disponibilité (physique et mentale) ainsi que l'écoute de l'autre. Ensuite, je propose aux enfants un exercice (assez difficile !) sur le chœur et le coryphée afin d'aller plus loin dans le travail d'écoute. Cet exercice permet d'être ensemble, de se comprendre sans paroles mais aussi d'appréhender son propre corps et celui de l'autre dans l'espace.

Pour finir la séance, je propose au groupe des improvisations à partir des illustrations de Félix Valloton : l'idée est de voir comment une image permet d'imaginer une situation ; de voir comment, à partir d'un image fixe, on peut inventer des images en mouvements. Cette mise en situation s'effectue de façon collective, s'organise de façon ''démocratique''. J'essaie d'intervenir le moins possible pour voir comment le collectif d'enfants peut fonctionner sans l'intervention d'adultes, pour voir comment s'opère (ou non) la coercition.