les enfants en train de faire de l'aquarelle

Des aquarelles et des adieux prématurés

Publié par Pauline Rousseau

Lors du précédent atelier qui portrait sur l'identité et l'affirmation de soi comme sujet et objet de création, j'ai demandé aux enfants via un atelier d'écriture de lister et énumérer les choses qu'ils aimaient.

Nombreux ont évoqués leurs plats et sucreries et préférés. L'idée de lier nourriture et identité faisait partie de mon projet initial mais je pensais plutôt l'aborder par le prisme des recettes et plats spécifiques à la Martinique. Je décide donc de réadapter légèrement l'atelier et de faire travailler les enfants à partir de leurs aliments favoris. 

La Méprise, ©Pauline Rousseau
La Méprise, ©Pauline Rousseau

J'entame l'atelier en leur posant cette question : 

"- À votre avis : est-ce qu'on est ce que l'on mange?"

Les enfants sont tout de suite interpellés et la question soulève de nombreux débats. Chacun a son mot à dire! Pour poursuivre l'échange, je leur demande : 

 

"- Est-ce que vous pensez qu'il y a des plats pour les filles et d'autres pour les garçons? 

Afin d'étayer la discussion je leur présente ma photographie intitulée La Méprise. L'image provoque tout de suite des rires chez mes élèves et une petite fille s'exclame : 

"-C'est pas normal : les gros durs ils mangent pas des trucs comme ça! "

Ici encore les avis sont partagés et le débat est animé!

La discussion se poursuit et nous évoquons d'autres questions : l'éducation du palais, la diversité culinaire à travers le monde ( ils sont dégoutés lorsque je leur raconte avoir mangé des insectes grillés en Asie) , les recettes qui se perpétuent au sein d'une même famille, l'apprentissage du goût, les différentes pratiques et codes sociaux liés à la nourriture.

 

aquarelle en cours

Avant de commencer, je présente aux enfants le matériel que j'ai apporté : de l'aquarelle classique ainsi que des crayons aquarellables, différents pinceaux et rouleaux, du papier à aquarelle et des images d'inspiration imprimées à partir de leurs écrits.

Je leur explique ensuite la multitude de possibilités techniques et comment les combiner : crayonner et mouiller ensuite, tremper les crayons dans l'eau pour avoir une couleur plus dense, mélanger les couleurs avant de les appliquées sur la feuille, ou au contraire après, tremper le papier avant de commencer, expérimenter les différents types de coulures...

Les enfants se lancent et je ne suis pas vraiment étonnée de voir que les glaces, les chips et les bonbons semblent une fois de plus mettre tout le monde d'accord. 

 

À la fin de l'atelier, la directrice m'annonce que le confinement total est annoncé et que l'école va fermer pendant deux semaines.

Je dis au revoir aux enfants en pensant les retrouver quinze jours plus tard et reprendre le projet là où nous l'avons laissé. Il nous reste des autoportraits à réaliser, une affiche d'exposition, un atelier de montage et d'accrochage et surtout un vernissage!

La mairie s'est proposée de mettre à disposition la salle polyvalente attenante à l'école et de débloquer un petit budget pour qu'un traiteur de la commune prépare des rafraichissements et de la nourriture pour le vernissage. 

Malheureusement, l'ampleur de la crise sanitaire et la durée du confinement me contraignent à rentrer en France, sans pouvoir achever le projet comme je l'aurai souhaité.

La veille de mon départ je prends cette photo sur le chemin entre l'école et mon logement. 

Le Prêcheur