l'école du Prêcheur

“Nou kontan we zot”

Publié par Pauline Rousseau

La formule “nou kontan we zot”, qui signifie “bienvenue” en créole martiniquais, orne les murs de l'école du Prêcheur et c'est avec beaucoup de chaleur que l'équipe pédagogique m'accueille lors de mon arrivée. 

 

Le Prêcheur est une commune de près de 1300 habitants qui se situe au nord de l'île de la Martinique, juste à côté de la Montagne Pelée. Malgré la sérénité qui s'y dégage, entre mer et volcan, on m'explique que la ville et ses habitants sont exposés à divers risques environnementaux : les coulées de boues, les séismes, la montée des eaux ou encore les lahars (débris volcaniques qui s'écoulent du volcan).

L'école du Prêcheur, où j'effectue ma résidence, offre justement une vue majestueuse sur le volcan ; et lorsque la "Grande Dame" (comme on l'appelle ici) daigne retirer sa coiffe de nuages, elle est impressionnante.

Dans la cour de l'école, circulent des poules, des chats et des oiseaux. Les salles de classe colorées  s'ouvrent sur un jardin verdoyant. Au bout de la cour de récréation, on aperçoit un phare puis la mer des Caraïbes. 

Dès ma première rencontre avec les enfants, j'aborde la question de l'identité qui va nous occuper durant toute la résidence. Comment l'aborde-t-il ? Quelles sont leur définition(s) et perception(s) de l'identité ? À leur avis, qu'allons-nous faire ensemble dans les semaines à venir ? 

Je leur présente mon travail d'artiste, ma démarche et mes pratiques. Nous entamons la première partie du projet intitulée Identité et lieux. En guise d'introduction, je leur raconte l'école où j'allais quand j'avais leur âge : il n'y avait ni mer, ni volcan et parfois, quand il pleuvait trop, on passait la récréation à jouer dans le préau.

Leur réaction a été unanime " Vous avez pas de chance en France ! "

Le jardin de l'école du Prêcheur
Le jardin de l'école qui donne sur l'église du Prêcheur

À l'école, j'initie les enfants au dessin d'observation en utilisant des fusains. J'insiste sur le fait que le but est avant tout d'observer. Lorsqu'on fera des photos le procédé sera le même : regarder et choisir un élément qui m'intéresse puis m'en emparer.

On discute de ce qu'est "le sujet" d'une oeuvre : Pourquoi représenter une chose plutôt qu'une autre ? Est-ce parce que ça nous plait ? Parce que ça nous intrigue ? Parce que c'est beau ? Mais qu'est ce que c'est le beau finalement ?

Les enfants sont un peu décontenancés par le fusain car il "salit", "se casse", et "qu'on ne peut pas gommer quand on rate". Certains n'ont pas l'habitude de dessiner et ont du mal à se lancer. Je les encourage à expérimenter les différentes possibilités offertes par ce medium, à se déplacer pour mieux voir le sujet qu'ils ont choisi de dessiner, à poursuivre leur dessin même quand ils ont l'impression d'avoir raté. Petit à petit, chacun se concentre, et quand la cloche de la récréation retentit, plusieurs poursuivent l'exploration dessinée. 

Dessins d'observation réalisés par les enfants
Vue du Prêcheur