Les enfants en train de travailler

Photos instantanées, mises en scène et autoportraits

Publié par Pauline Rousseau

L'atelier d'aujourd'hui porte sur la réalisation de "natures-mortes-autoportraits". Après une introduction à ce qu'est la nature morte lors d'un précédent atelier, place à la pratique ! Chacun a apporté un ou des objets qui ont du sens pour lui et à travers lesquels il veut se représenter. Une fois les objets mis en scène, l'élève réalise une photographie de son installation à l'aide d'un appareil photo instantané.

Les enfants sont répartis en trois groupes et au sein de chaque groupe ils doivent travailler collectivement sous les directives de l'un d'entre eux. Celui qui est désigné comme photographe est celui qui dirige la prise de vue et prend les décisions, comme lors d'un "vrai" shooting photo. Il utilise les objets qu'il a apporté afin de réaliser une mise en scène et les installe avec l'aide des autres enfants qui l'assistent et peuvent bien évidemment émettre des suggestions. Une fois que tout est mis en place, il peut réaliser sa photographie. La mise en scène est ensuite soigneusement démontée, les rôles s'inversent alors et c'est au tour d'un autre enfant d'être le photographe.

Photographies réalisées par les enfants
Photographies réalisées par les enfants

Afin que l'atelier soit structuré et que les enfants puissent travailler de la manière la plus autonome possible, je leur donne des consignes et un protocole assez précis : 

- Il faut dans un premier temps choisir un emplacement pour sa composition (sol, table, chaise, extérieur de la classe, intérieur etc) en tenant compte de la lumière des couleurs mais aussi des effets de matières possibles.

- Les enfants doivent ensuite choisir un fond parmi ceux que j'ai apporté : des papiers de couleurs, mais aussi un ensemble de tissus comprenant de nombreux carrés de madras (textile typique de la Martinique)

- L'étape suivante est la disposition des objets, je leur rappelle les nombreux exemples que nous avons vu précédemment et l'importance de faire dialoguer les objets entre eux.

Ils se rendent compte que la mise en scène demande beaucoup de "bricolage" ! Nous scotchons, collons, installons avec l'aide de petits fils, rehaussons certains objets à l'aide d'autres etc. Il y a aussi un certain équilibre visuel et physique à maintenir.  "C'est un peu comme faire des Kapla!" s'exclame un enfant.

- Enfin! C'est le moment de la prise de vue, je souligne l'importance du cadrage et pousse les enfants à chercher différents angles : monter sur une chaise, s'allonger par terre etc. Je leur explique qu'il faut être bien stable physiquement au moment d'appuyer sur le bouton, sinon la photo sera floue.

- J'insiste sur la dernière consigne : les enfants doivent ranger tous les éléments avant de passer à une autre mise en scène, je leur explique que c'est quelque chose de très important dans un studio photo, l'espace doit être organisé pour ne pas abimer le matériel et pouvoir bien travailler! 

Les enfants sont très concentrés et autonomes durant cet atelier. Ils font aussi beaucoup de propositions originales et s'entraident. Certains d'entre eux n'ont jamais utilisé un appareil photo autre qu'un smartphone avant aujourd'hui et je les sens vraiment curieux et enthousiastes.

Cet initiation au travail de studio et à la mise en scène, me permet d'évoquer ce qu'est le travail de studio et les différents métiers qui y sont associés : set designer, retoucheur, assistant lumière, régisseur, directeur artistique...

Nous abordons également la question de l'image argentique, comme nous sommes limités en pellicules, chaque enfant doit bien se concentrer avant de prendre la photo. Je leur explique que le processus photographique est différent lorsque l'on travaille en digital (comme avec un smartphone) où l'on a la possibilité de prendre une grande quantité d'images et choisir ensuite. Je partage avec eux qu'au sein de mon travail, j'ai le sentiment de faire de meilleures images lorsque je travaille en argentique et que je pense que cela est lié au fait d'être "limitée" par la pellicule : je me concentre plus et réfléchis plus avant de "cliquer". 

C'est une après-midi très riche et dynamique qui me donne l'impression d'avoir éveillé des vocations!