Après avoir fait découvrir le langage dramaturgique aux élèves à travers des exercices d'écoute et d'exploration, nous avons initié la classe au travail de création collective autour de la figure du poulpe avec des improvisations. Ces recherches ont abouti à la mise en place d'une forme chorale mettant en scène des gestes et leur répétition. L'idée est d'inventer avec eux une forme de rituel qui leur permet d'explorer et de s'approprier les outils d'expression corporelle.
La première étape de notre travail à l'école du Russey a été de permettre aux élèves de la classe de CM1 de s'approprier les outils d'expression dramaturgique.
Pour ce faire nous leur avons proposé une suite d'exercices pendant lesquels ils ont pu réaliser l'importance de la précision de leurs gestes, leurs adresses, leurs intentions et leurs énergies. Ils ont pu se rendre compte que chacun de ces paramètres pouvaient tous être sujets à interprétations ou compréhensions de la part du spectateur.
C'est sur la base de ce constat que nous avons divisé la classe en groupes pour mettre en place les premières improvisations autour de la figure du poulpe. Nous avions imposé à chaque groupe, le fait que cette improvisation ne devait pas durer plus de cinq minutes et qu'elle devait comporter une situation initiale, un élément perturbateur et une fin. Les premières propositions des élèves mettaient toutes en scène le poulpe comme un personnage dangereux, agressif et menaçant. Les autres protagonistes étaient pour la majorité des personnages victimes du poulpe ou des adversaires essayant de vaincre l'animal. Afin de pallier à ces redondances, nous avons divisé la classe en groupes plus restreints et imposé de nouveaux contextes à l'action ainsi qu'un rapport au poulpe moins manichéen. Cette nouvelle étape de travail nous a permis de mettre en lumière des perspectives narratives inédites qui ont nourri la création du spectacle.
Parallèlement à ces recherches nous avons exploré le "travail choral". L'un des exercices les plus pertinents pour mettre en place cette écoute active du groupe était l'exercice de l'oiseau. Il s’agit ici d’un travail de chœur où les élèves sont collés les uns aux autres et se déplacent tous en même temps. À chaque extrémité du groupe se trouvent des conducteurs de groupe qui se relaient le contrôle des déplacements en fonction du regard donné par le groupe. Chaque membre regarde dans la même direction donnant le contrôle à la personne du groupe vers laquelle sont tournés les regards mais aussi l'orientation du groupe dans l'espace. La conscience du groupe, l’écoute collective, la concentration, la rigueur ainsi que la précision des intentions sont développées dans cet exercice. Nous avons décidé de leur faire comprendre leur rôle en commençant cet exercice en groupe de quatre. De cette façon, chacun comprend quand il devient guide et quand il ne l’est plus. Chaque groupe a commencé cet exercice par la marche puis des gestes se sont rajoutés ainsi que différentes postures de corps. Nous avons ensuite regroupé les élèves pour reprendre l’exercice tel que nous l'avions expérimenté pendant la première séance avec un seul et même groupe de vingt-deux élèves.
Ces séances ont toutes été introduites par des exercices dit "rituels". Ces exercices sont toujours les mêmes et ils permettent de faire comprendre au groupe qu'un travail collectif commence et que la concentration de chacun sera essentiel au bon déroulement de la séance. Cette idée de rituel nous a donné l'envie de créer une forme ou chaque élève pourrait inventer et proposer un geste qui serait repris par ses camarades pour former un ensemble de gestes chorégraphiques.