Fresque et affichages

Fresque et affichages

Publié par Naomi Melville

Journal du projet

Je suis rentrée aux Antilles il y a deux semaines après quelques pérégrinations alentour.

Cette reprise tombe bien, elle marque la fin d’un premier cycle de recherches personnelles que j’avais entamées en arrivant, ainsi que la fin de la première étape du projet avec la classe de CM1-CM2 de l’école de Mahaut.

Nous avons réalisé une fresque en extérieur, basée sur les recherches précédentes de motifs, ainsi que sur l’observation de détails naturels que nous avions effectuée en tout début de projet. Cette fresque nous a permis de combiner des techniques d’aplats, de dessin plus précis, et de collage d’éléments en reliefs, réalisés sur le modèle de courbes topographiques.

Mr. Annerose, directeur de l’école et maître de la classe où j’interviens, a proposé le titre suivant : “La terre à partir de la terre”. Effectivement, l’idée a suivi une visite au jardin botanique, et après avoir constaté l’immense intérêt des enfants pour la biosphère du territoire, nous en avons ensemble proposé plusieurs visions, agencées à diverses échelles sur un planisphère. Certaines de ces visions sont issues de l’environnement direct des enfants, d’autres sont plus imaginatives, certaines enfin sont des retranscriptions de cartes de géographie utilisées lors d’exercices introductifs.

 

De mon côté, j’alterne entre pièces plus plastiques et plus théoriques ; ici, il s’agit du second cas. Après une discussion animée avec un jeune homme à propos de l’inconsistance du journal départemental, le France-Antilles, d’autres échos de même opinion, et une recherche m’ayant appris que ce journal avait été lancé par De Gaulle en 64 et n’avait que peu évolué depuis, j’ai décidé d’intervenir sur le titre. Inversant les mots France et Antilles afin de destituer celles-ci de leur statut de seules annexes, et, par la sonorité d’Antilles-France (“anti-France”…), de rappeler l’ambiguïté du rapport des habitants à la France, j’ai imprimé des étiquettes éponymes. J’irai les coller sur les premières pages de journaux, affichées sur les murs des immeubles à Pointe-à-Pitre.

J’ai aussi effectué un travail de recherche et d’archivage, en retranscrivant les échanges que j’ai eus à propos de divers sujets d’actualité, en les mettant en parallèle des articles du France-Antilles traitant de ces mêmes sujets, et enfin, en les recoupant avec des articles trouvés aux archives départementales. Cette recherche, outre les documents que je conserve précieusement, prend la forme d’une grande affiche où se tissent ces voix, l’officielle, les officieuses, les voix passées, qui s’enchevêtrent en lignes de différentes tailles, selon un code précis. Comme une narration, les sujets s’enchaînent en faisant écho les uns aux autres.