En mai nous partons en expédition vers la colline du Rove. C'est l'occasion de changer de point de vue, de revoir l'école et la ville du haut pour ce questionner sur ses échelles. Avec une géographie spéciale, le centre du Rove est longé par les collines d'un côté, et par la route nationale de l'autre.
Pour préparer la sortie nous lisons ensemble le chapitre 'La Page' du livre Espèces d’espaces, de Georges Perec. Dans ce texte, l'auteur décrit plusieurs scènes quotidiennes qui se déroulent à un même temps dans une ville. En déchiffrant le texte ensemble, nous abordons la place du récit et de l'imagination. En partant des mots écrits sur une feuille blanche l'auteur, construit l'image de la ville, comme si son regard se posait à une multiplicité d'espaces simultanément :
Simulacre d’espace, simple prétexte à nomenclature : mais il n’est même pas nécessaire de fermer les yeux pour que cet espace suscité par les mots, ce seul espace de papier, s’anime, se peuple, se remplisse : un long train de marchandises tiré par une locomotive à vapeur passe sur un viaduc ; des péniches chargées de gravier sillonnent les canaux ; des petits voiliers manœuvrent sur le lac ; un grand transatlantique escorté par des remorqueurs pénètre dans la rade ; des enfants jouent au ballon sur la plage ; dans les allées ombreuses de l’oasis, un Arabe coiffé d’un grand chapeau de paille trottine sur son âne...
En arrivant en haut de la colline, le vent souffle fort, nous décidons de ne pas faire les jeux d'écoute prévus pour l'occasion, à savoir écouter en silence le paysage sonore et le décrire. Nous proposons ainsi des exercices de regard, de mémoire et des récits. Nous commençons par prendre une 'photo' avec son regard, en choisissant le cadre et en essayant de retenir tous les détails de l'image en mémoire et de la reconstituer les yeux fermés. Dans une deuxième activité, il s'agit de décrire tout ce qu'on voit et ce qu'on peut imaginer voir du haut de la colline en forme de récit à un partenaire ayant les yeux fermés. Après l'inversion des rôles pour les récits, nous mesurons avec les ficelles de laine, l'école, Le Rove et Marseille.
Au chemin de retour à l'école nous observons le paysage et les plantes locales décrites par Mme Bonnery. Avant de rentrer dans établissement nous marquons l'ombre du poteau électrique pour faire une cadran solaire. Une fois en classe, nous jouons avec la mémoire en parlant de tout ce qui nous avons vu ou entendu sur le chemin. Sur suggestion des élèves, cette proposition nous amène à écrire une liste non-exhaustive de toutes les plantes repérées sur la colline. Quelques propositions pour réaliser des performances apparaissent aussi : 'Toucher toutes les plantes ayant des odeurs pour les sentir dans nos mains' ; 'Lancer un caillou très haut pour qu'il arrive au soleil' ; 'Relier l'école et la colline avec une ficelle' .