Atelier danse-contact avec les CM1-CM2

Les gestes restent

Publié par Yves Mwamba

gestes et partage

Est-ce que je suis déjà allé dans beaucoup de villages au Congo ? Je connais certaines de ses villes, sa capitale Kinshasa, ma ville Kisangani et quelques unes que j’ai parcourues et très peu de villages. À Bourmont, j’ai pu vivre cette expérience, le réseau qui ne passe pas, les mails qu’on ne peut pas consulter, les nuits dans la chambre à travailler car il n’y a pas de café ouvert tard, les spectacles ou le cinéma sont à 60 km. Ici, nous avons dansés ensemble. Et les gestes restent et ce que nous avons partagé aussi. Faire émerger le mouvement, donner envie de bouger, d’être présent, d’être debout, était ma ligne directrice avec en sous texte ma problématique liée à la censure et de la prise de parole qui en découle. Je trouvais aussi intéressant de partager nos points de vue. En Haute Marne, les habitants sont très isolés et ils ont souvent l’impression de ne pas se faire entendre. C’est dans ce sens que ma présence a pris tout son sens. Première résidence au long cours dans un établissement scolaire français, première fois dans un village français où peu connaissent la danse contemporaine et voient des spectacles.   Au terme de cette résidence, nous avons beaucoup partagé de gestes, avec toutes les classes que j’ai rencontrées de la maternelle au collège.

vers la restitution

Avec ma classe, le courant passait. Nous nous faisions des blagues. Malgré parfois un manque de concentration, grâce au fait que la danse contemporaine était une nouveauté, les élèves ont aimé le projet. Mathis, Mathias, Mattéo, Sean, Rebecca, Vincent, Diego, Evan, Lola, Dorian, Corentin, Yannis, Nolan, Louise, Apolline, Clément, Emma, Zoé, Thomas, Lafrata, Emma… se sont donnés à fond pour la restitution. Cela n’a pas été simple de monter une chorégraphie de 20 minutes qui raconte notre histoire et tienne compte de leur imprécision enfantine. L’année prochaine la moitié de ma classe sera en 6ème et l’autre en cm2. Ils ne sont pas encore adolescents. Les élèves quittent progressivement le monde de l’enfance. Ils ont à la fois la grâce de l’enfance et le côté gauche du pré-adolescent. Karine, leur institutrice a observé attentivement l’évolution. À la fin du projet, la classe était soudée. Le travail en groupe les a aidés à être ensemble. Et puis il faillait être en contact, tenir la main de son camarade ou se faire une accolade. Chacun a surmonté son appréhension ou sa timidité et la classe a fièrement joué quatre représentations. Ils ont vécu le métier d’interprète jusqu’au bout. Faire un geste n’est pas simple. Je quitte le village vers d’autres aventures, mais les gestes restent.

vers la restitution