Il n'y a pas de projet plus simple que celui des Géant.e.s. Après la présentation de deux livres, on parlera de nourriture. En s'inspirant des personnages des oeuvres présentées, les enfants seront premièrement créateurs : d'abord ils dessineront les plats de leur choix, puis les façonneront en argile. Les sculptures seront cuites, émaillées et recuites. Deuxièmement, ils seront cuisiniers, où, d'après l'oeuvre créée en amont, on façonnera nos plats en pâte a pain. Comme avec de la pâte à modeler, on pourra tout représenter : viande, fruits, etc. Et le rendu final sera un buffet où il y aura les céramiques ersatz de plats, les pains et les boissons à partager entre les élèves, les professeurs et les visiteurs.
Les Géant.e.s
Il est presque évident que la nourriture, au delà de de son aspect vital, est un vecteur de convivialité, de plaisir et de partage. Mais l’excellente revue Citrus, (le N°5, Manger, éditions l’Agrume, 2016), me l’a révélé il y seulement quelques années.
C’est pourquoi, la forme la plus élémentaire de rester vivant (se nourrir), peut devenir un projet plastique engageant.
Pour arriver à ce sujet là, on va partir de deux oeuvres : Le géant de Zéralda, de Tomi Ungerer, album pour enfant de 1970, où un ogre mangeur d’enfants change de mode de vie après avoir découvert la cuisine grâce à une enfant. Et le Diario de Jacopo da Pontormo, où le peintre maniériste décrit en détail tout ce qu’il mange quotidiennement pendant des années, afin de voir les effets de la nourriture sur son corps, mais où on lit aussi les réunions amicales qu’il a avec ses connaissances et qui sont reliées par les repas.
Entre l’album pour enfant et le journal de la Renaissance, il y a un grand écart qui pourra intéresser le public concerné. Ces ouvrages ont donc comme sujet principal commun la nourriture. Ils permettront aussi de parler de différents mouvements artistiques, de création littéraire et des différentes formes que peuvent prendre un livre.
Nourrir son âme ; en prenant cela au pied de la lettre, la nourriture de l’esprit pourrait aussi passer par ce ventre. On peut conscientiser certains enjeux que des personnes de 8-12 ans peuvent entendre et comprendre. La reflexion sur comment se nourrir, qui fabrique quoi, ce que l’on mange, l’utilité sociale et la représentation de la nourriture. Mais au lieu de ne passer que par la discussion et l’écriture, on va dessiner, esquisser ces plats, on va les voir comme une image réalisable.
Après avoir fait les esquisses, les élèves modèleront n’importe quelle sorte de plats qu’ils voudront en argile, qui seront cuites et émaillées. Ce projet propose aux enfants de se mettre dans la peau d’un créateur et d’un cuisinier. Car passer de la pensée d’une forme, jusqu’à son dessin, jusqu’à sa création de façon toute simple, est une source de contentement et de fierté. Dans la deuxième étape, l’action de la reproduire sous une forme comestible, est encore plus intense. En effet, cette création, modelée en pâte à pain, sera éphèmere et mangée par tout le monde, mais il subsistera toutefois sur la table du buffet, les ersatz de nature morte crée précédemment en céramique.
On parlera donc de deux techniques : la céramique émaillée, l’utilité de la terre et son mode de fonctionnement, et la cuisine, la fabrication du pain, garnie de végétaux : olives, fromage, noix... et aussi, la fabrication de boissons, uniquement végétales et expérimentales : jus de betterave, carotte, boissons lactées au soja...
En dernier lieu, pour la présentation du festin, il y aura certains éléments vestimentaires créés pour l’occasion, et certainement teints aussi dans un mélange végétal et testé au préalable avec les enfants.
Tout ce processus, long de six mois, avec des temporalités complètement différentes permettra aux enfants de voir, entre lenteur et rapidité, comment l'on construit un événement. Ils géreront aussi les différents médiums utilisés et partageront dans tout le protocole, une unicité et une complémentarité qui seront total lors de la restitution.
Par le(s) artiste(s)
Par les participants